Au moment où commence l’histoire, on imagine
que Brian a peu évolué entre 20 et 29 ans. Il est admiré, parce
qu’il gagne de l’argent, il ne s’embarrasse pas de sentiments
et se tape les plus beaux mecs. C’est l’image glamour et parfaite
qu’il veut donner aux autres. Mais en fait, il a bien conscience
que sa vie est monotone, sans profondeur ni projets. Ses jours
et ses nuits se ressemblent. Il cherche à assouvir ses envies
immédiates, et ne se pose pas de questions sur l’avenir. Il
est beau, brillant, riche, cynique, et... pathétique.
D'une certaine façon, on pourrait dire que son évolution
s’amorce dès les premières minutes de la série. Ce soir-là débute
comme les autres, mais c’est pour lui la nuit de tous les changements.
Sur le ton de la plaisanterie, il dit qu’il s’ennuie : personne
ne le croit, et pourtant c’est vrai. Puis Justin apparaît. Michael,
qui connaît Brian mieux que personne, dit : «Et c’est à ce moment-là
que tout a commencé.» En effet, Justin est le grain de sable
qui s’infiltre dans cette mécanique parfaitement huilée qu'est
la vie de Brian. La même nuit, Gus naît. Brian ne le sait pas encore, mais
ces deux événements qu’il juge sans conséquences vont totalement
bouleverser sa vie.
Brian et Justin
A) Justin,
un coup pas comme les autres ?
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- Quand il aperçoit Justin, Brian sort juste des backroom.
Il n'est donc pas en manque. Et pourtant, il remarque ce jeune
blondinet qui n'est a priori pas du tout son type. Marido : Il est simplement irrésistiblement attiré par Justin. Willa : Irrésistiblement, c’est un bien grand mot. Il le
veut, c’est sûr, mais pourquoi ? Peut-être justement parce qu'il
s'ennuie et qu'il a envie de changement...
- Quand il arrive au loft avec Justin, Brian entre, jette
sa veste avec nonchalance, savourant l’effet que l’endroit produit
toujours sur les visiteurs. Marido : D’habitude, cette mise en scène suffit. Mais il
sent que Justin est hésitant, et pour le retenir, il sort le
grand jeu : il se verse de l’eau sur le visage et le corps,
pour se vendre comme l’un de ses produits. Willa : je pense que sa mise en scène de l’eau est quelque
chose qu’il fait aussi avec les autres car il doit toujours
se montrer sous son meilleur jour. Je ne pense pas que Justin
ait droit à un traitement de faveur ici. La scène est montrée
«comme un spot de pub» car elle est vue à travers les yeux de
Justin.
- Il dit à Justin : «Alors, tu viens ? Ou tu pars ? Ou tu
viens puis tu pars ? Ou tu viens, puis tu restes ?» Marido : "TU RESTES..." : C’est sans doute une
proposition assez rare dans sa bouche. Il a bu, pris de l’ecstasy,
il est fatigué, mais ce n’est pas la première fois. Le mot lui
échappe, et on peut même le prendre comme un lapsus de sa part. Willa : La citation originale est : “Are you coming? Or going?
Or coming and then going? Or coming and staying?” Je pense que
son but, au départ, est de dire : «alors, tu entres ou tu te
casses ?». Dans la suite de sa phrase, il insiste sur le mot
"coming", qui signifie alors "jouir".
- Plusieurs fois dans le premier épisode, Brian demande à
Justin comment il s'appelle. On pourrait croire qu'il l'a oublié.
Mais le fait qu'il lui demande est déjà une marque d'intérêt
qu'il ne porterait pas à un simple mec de passage.
- Il parle de sa première expérience sexuelle à Justin. Marido : Je pense que jusque là, il n’a raconté cette histoire
qu’à Michael. En tout cas, il ne se confie pas d’habitude aux
types de passage, parce qu’il n’a pas de temps à perdre. Willa : C’est évident qu’il est touché par ce gamin. Il sait
que c'est la première fois pour Justin et qu'il a peur. Il admire
probablement son courage et le rassure en partageant cette histoire
avec lui. Justin n’est pas passé inaperçu… Brian agit déjà comme
un mentor avec lui.
- Il emmène Justin à l’hôpital, et à la surprise de tous,
lui demande son avis sur le prénom de son fils. Marido : On pourrait difficilement l’imaginer posant une
telle question à un coup d’un soir. A ce moment-là, il regarde
Justin “affectueusement” et non pas “sensuellement”, comme lorsqu’il
désire quelqu’un sexuellement. Willa : Il l’emmène à l’hôpital car Justin n’a nulle part
où aller. Il lui rend donc service et n’a pas le temps de trouver
mieux. Peut-être veut-il aussi pouvoir finir ce qu’ils avaient
commencé avant d’être interrompus par le coup de fil de Melanie.
Quoi qu’il en soit, Brian n’aurait pas fait ça avec un simple
coup d’un soir. Quant au choix du prénom, il s'adresse peut-être
à Justin parce qu'il est encore un enfant lui-même. On dirait
qu’il voit Justin comme le grand frère de Gus, à qui les parents
demanderaient son avis.
- Il dit à Justin : «Quel que soit celui avec qui tu seras
plus tard, je serai toujours là» avant de le pénétrer. Marido : Je trouve que c'est un curieux propos, venant de
quelqu’un qui, d'habitude, veut se faire oublier dès que la
fameuse porte métallique est refermée. Willa : Il ne veut pas se faire oublier de Justin. Cela rejoint
ce qu’il lui dit plus tard : «Tu me verras dans tes rêves.»
Je ne pense pas qu’il dise ça à tous les mecs, donc j’imagine
que Justin est différent… Cela dit, sa réputation de «meilleur
coup de Pittsburgh» vient bien du fait que personne ne l’a oublié
jusque là… peut-être est-ce sa façon de garder sa réputation
: le bouche à… oreille !
- Le lendemain matin, quand il entend le message de Melanie
sur son répondeur, il dit “ Merde, j’ai un bébé.... deux bébés”. Marido : A mon sens, ce n’est pas le mot «bébé» qui est important
dans cette phrase, mais le mot «j’ai». Cela indique que, malgré
lui, il a déjà inscrit Justin dans sa vie. Willa : Le fait qu’il mette les deux sur le même plan montre
bien qu’il se sent les mêmes responsabilités envers Gus et Justin.
Et les responsabilités, il voit plutôt ça comme des fardeaux.
Certes Justin est différent des autres, mais dans ce cas, ce
n’est pas forcément dans le bon sens...
- Quand ils découvrent avec Michael que la Jeep est taguée,
Brian demande à Justin s’il est gêné de monter. Quand celui-ci
lui répond qu’il s’en fiche, il sourit gentiment. Marido : Brian fait un test ultime avec Justin, et doit penser
qu’il ne s’est pas trompé sur lui. Il est fier de son "élève". Willa : Encore une fois, il admire le courage de Justin.
Ou alors, il sent que ce gamin est prêt à tout pour lui, ce
qu’il adore bien sûr !
B) "Je le jette ou je le garde ?... Je le garde puis
je le jette ?... Je le jette, puis je le garde ?"
Brian n’est pas content de revoir Justin le lendemain, mais
il ne repousse pas comme il repousserait quelqu’un d’autre.
Quand il raconte à Ted et Emmett comment la mère de Michael
les a surpris dans sa chambre quand ils étaient ados, Justin
est là, comme s’il faisait déjà partie du groupe. Il va même
jusqu'à lui demander quel âge il lui donne. Quand Justin lui
donne 33 ans, il râle mais ne le rejette pas violemment, alors
qu'il est confronté soudain à une réaction d'ado dont il n'a
pas l'habitude. Malgré tout, il ne prête pas vraiment attention
à lui et part avec un autre. Il impose clairement ses conditions
: t’es mignon, tu peux t’incruster dans le groupe, mais pas
dans ma vie. Je ne suis pas responsable de toi.
A la fin du deuxième épisode, il renvoie brutalement Justin,
en disant qu'il ne veut plus le voir et il ne descend lui parler
que parce le type qui arrive chez lui l'incite à le faire. Il
commence à dire : "Je suis trop vi..", puis se reprend
: "Tu es trop jeune pour moi", pour ne laisser à Justin
aucun espoir. (S’il disait « je suis trop vieux pour toi »,
il laisserait à Justin la possibilité de nier). Il le regarde
pourtant s'éloigner à regrets. Il aimerait se laisser aller
et coucher à nouveau avec lui, mais il sait ce que ça signifierait
pour Justin, et il ne VEUT rien changer dans sa vie. Il sait
qu'il ne peut pas lui offrir ce qu'il désire.
Dans l’épisode 105, il repousse à nouveau Justin, puis finalement
l'héberge pour la nuit en lui disant : «Je ne suis pas ton amant,
je ne suis pas ton compagnon, je ne suis même pas ton ami. Tu
crois que tu as besoin de quelqu’un, parce que c’est ce qu’on
t’a appris. Mais tu n’as besoin de personne. Tu ne peux compter
que sur toi-même, tu n’as que toi». Encore une fois, il établit les règles : il veut bien aider
Justin à devenir quelqu’un de responsable, mais ne veut pas
être responsable de lui.
C) Je le garde ?
En cachette, il achète le dessin qui le représente nu, et
l’admire. Il est surpris de découvrir les talents de ce gamin
et il est touché de savoir qu'il l’a dessiné pendant son sommeil.
Il aime la façon doit il le voit - avantageusement -, aime posséder
un objet créé par Justin, et c’est aussi une manière détournée
de l’encourager à continuer… puisqu'il est incapable de le faire
directement.
Il feint aussi d’être indifférent à son piercing, mais cela
l’excite visiblement puisqu'il l’emmène chez lui aussitôt. Ils viennent alors de passer le cap du troisième rendez-vous.
On peut se laisser tenter une fois, recommencer juste par «
erreur », mais au troisième les choses sérieuses commencent.
Après avoir été frappé par le père de Justin, Brian dit à
ce dernier qu’il a été courageux de faire face à son père. Il
admire d’autant plus ce courage, que lui ne l’a jamais eu. Bien
qu’il prétende que ça ne les regarde pas, il sait qu’il n’a
en fait jamais réussi à assumer son homosexualité vis-à-vis
de ses parents.
Quand il retrouve Justin dans l’hôtel de New York, il montre
qu’il ne peut pas lui résister, même lorsque celui-ci se permet
de le mettre au défi. Mais il ne peut et ne veut pas vivre avec
quelqu’un. La solution de louer l’ancienne chambre de Michael
paraît donc parfaite. Il peut ainsi garder Justin sous la main
sans en être responsable pour autant.
A partir de là, Brian ne cherche plus à cacher qu’il est
attaché à Justin. Lorsqu’il est privé de Michael après la soirée
d’anniversaire, il ravale sa fierté et lui demande de venir
au loft. Sur le canapé de David, il le “french kiss” devant
tout le monde, comme une chose naturelle. Il a accepté le fait
que Justin n'était pas un coup de passage.
Quand Justin envisage de quitter Pittsburgh pour ses études,
Brian réalise que cette nouvelle le touche plus qu’il n’aurait
cru. Il est pris au dépourvu et se rend compte qu’il n’a pas
le contrôle de la situation, ni de ses sentiments. Pourtant,
quand Justin dit qu’il ne va pas aller à l’Ecole des Beaux-Arts,
il intervient pour le secouer, lui demandant de s’assumer. Il
se soucie évidemment de l’avenir de Justin, mais c’est aussi
une manière détournée pour exprimer qu’il ne veut pas que Justin
parte. Qu’il l’admette ou non, il est totalement impliqué dans
la vie de Justin.
D) Je le jette ?
Le soir de l’élection du roi du Babylon, Brian a un moment
de réaction. Il repousse Justin parce qu’il veut se sentir libre.
Il réalise qu’il est allé trop loin, et que leur relation ressemble
maintenant trop à celle d’un couple. Il doit remettre les pendules
à l’heure. Quand Justin est élu roi du Babylon, il vole à Brian
sa proie du soir et le nargue en reprenant ses propres mots.
Brian est pris au dépourvu et n'arrive pas à croire qu'il va
oser aller jusqu'au bout. Lorsqu’il descend aux backroom et
voit Justin en pleine action, il est déstabilisé. Il réalise
que Justin peut jouer avec ses nerfs et le rendre jaloux. Le
lendemain, il ne veut pas entendre ce que Justin a fait de sa
nuit. Mais dès que celui-ci dit qu’il a utilisé la formule :
«Tu pourras me voir dans tes rêves», il est ému. D’une certaine
façon, le professeur est une fois de plus fier de son élève,
et il accepte d’être beau joueur. Il a aussi pu se rendre compte
du pouvoir que Justin avait sur lui, et sur les autres.
Quand on propose à Brian un poste à New York, il dit à Justin
sur un ton léger qu’il l’oubliera, et qu’il doit en faire autant.
Ce poste a une importance capitale pour lui, et il sait depuis
le début qu’il n’a pas d’avenir avec Justin. Il pense que c’est
l’occasion de couper les ponts avec lui, pour le laisser vivre
sa vie. Les changements chez Brian ont leurs limites : on voit
qu’il est ravagé, mais il ne peut cependant pas sacrifier sa
carrière pour Justin.
Il refuse d’aller au bal de promo de Justin car, comme il
le dit à Lindsay, il n'en voit pas l’utilité. Il se sent vieux
et ne veut pas se ridiculiser en allant là-bas. Mais parce que
Michael le rassure en lui disant qu’il sera toujours beau et
qu’il sera toujours Brian Kinney, il change d’avis…
E) Je… le… garde !
… il arrive donc au bal de promo, à la grande surprise de
Justin. Marido : C’est un acte d’amour suprême, mais aussi un acte
inconséquent de sa part. Dans cet environnement homophobe, il
met la vie de Justin en danger. Mais l’envie est la plus forte,
et il sait que cela fait vraiment plaisir à Justin. Il dit que
c’est «ridiculement romantique», tout en étant content de sa
mise en scène, qui ressemble à un de ses spots de pub. Willa : Plusieurs raisons l’ont décidé à venir. Certes il
veut faire plaisir à Justin, mais il y va aussi pour montrer
combien il est encore beau et peut-être même s’offrir le bal
de promo parfait qu’il n’a pas eu… On ne peut pas nier l’évidence,
quand il arrive au bal, il n’a pas du tout l’air à l’aise. Il
doit encore se demander ce qu’il fait là… pourtant, quand il
voit Justin, son regard s’illumine. Enfin, inconsciemment, il
a peut-être voulu se venger de ce milieu coincé et huppé qu'il
a dû envier durant sa jeunesse et a certainement apprécié le
« big fuck you » qu’ils ont exprimé à tous les homophobes de
la St James Academy.
Ceux qui disent que Brian est uniquement bouleversé parce
que Justin est grièvement blessé ont sans doute raté la façon
dont il le regarde dans son rétroviseur quand il s’éloigne dans
le parking. Il est vraiment heureux et tendre. Et pourtant,
il ne sait pas encore ce qui va arriver.
Brian a beaucoup évolué depuis sa rencontre avec Justin.
A la surprise de tout le monde, il a laissé ce gamin s’incruster
dans sa vie et a même assumé quelques responsabilités en le
prenant sous son aile.
Quand il pleure à l’hôpital, c’est pour bien des raisons
: la culpabilité, le sentiment d’injustice, la peur, la colère…
et l’amour. Même s’il n’a pas idée du point qu’atteindra leur
relation quelques années après, il sait déjà qu’il tient énormément
à Justin. Mais on ne peut pas abandonner 30 ans de mauvaises
habitudes en un an. Il a découvert qu'il était capable d'aimer,
mais il ne croit toujours pas à la vie de couple.
Brian et Gus
L’autre élément qui provoque l’évolution de Brian est l’arrivée
de Gus. Jusque-là, il n’avait pas vraiment imaginé ce qui allait
arriver. Lindsay a insisté pour qu’il soit le père, et il a
accepté pour avoir la paix, sans vraiment mesurer les conséquences
de son acte. Il est surpris de se découvrir si attaché à Gus.
Il n’avait pas pensé à lui sous la forme d’un être vivant, qui
lui ressemblerait, qui lui appartiendrait. Gus l’oblige malgré
lui à devenir adulte et à accepter les responsabilités qui en
découlent. Cet enfant est une charge, mais aussi une source
de réconfort. C’est auprès de lui qu’il va se réfugier, après
avoir quitté l’hôtel de Marvin Telson, dégoûté. Autrefois, il
aurait probablement filé aux backroom.
Quand il refuse de céder ses droits parentaux à Melanie,
c’est pour se donner une chance d’être un bon père. Il ne veut
pas faire comme son propre père en abandonnant son fils.
Quand Guillaume lui dit qu’il adoptera Gus une fois marié
avec Lindsay, il est démoralisé parce qu’il pense être un mauvais
père, et perpétuer la tradition familiale. Guillaume l’appelle
« le donneur de sperme » et dans le fond, il réalise que c’est
exactement ce qu’il est. Il sait aussi d’expérience que les
gens qui se marient sans s’aimer ne font pas les meilleurs parents.
Il prend donc une décision extrême : il abandonne ses droits
paternels, à condition que les filles se remettent ensemble.
Il ne peut pas imaginer sa vie sans voir Gus, et il pense réellement
que Melanie fera un meilleur parent que Guillaume. Ici, seul
l’intérêt de Gus a motivé son choix.
Brian et Michael
A) Michael, un ami pas comme les autres.
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Jusque-là, Brian et Michael ont toujours été complémentaires,
en vivant tous deux au gré des caprices de Brian. Mais depuis
l'arrivée de Gus et Justin, Brian a moins le temps - et peut-être
moins l'envie - de passer du temps avec Michael comme ils en
avaient l'habitude. Quoi qu’il en dise, Gus et Justin sont quand
même des responsabilités auxquelles il doit faire face. Brian
évolue alors que Michael stagne. Il essaye donc de faire grandir Michael d’une façon pas toujours
très fine : il le presse de faire son coming out au Big Q, et
de dire la vérité à Tracy. Sur Liberty Avenue, il fait croire
à cette dernière qu'elle plaît à Michael, pour le mettre dans
une situation embarrassante et le forcer à réagir.
Mais cette prise de conscience laisse Brian perplexe et confus.
Ainsi, dans les toilettes du Babylon, il s’amuse à laisser Michael
l’embrasser, montrant qu'il aimerait que tout soit comme avant.
Puis il le repousse, comme pour lui dire que le passé est révolu
et qu'ils doivent grandir. Il fait souvent marche arrière et
leurs relations reprennent leur cours comme par le passé. Lorsque
Michael est nommé manager du Big Q, il lui dit qu'il a eu raison
de mentir pour avoir ce poste. Quand Michael lui dit qu'il
a écrit à Patrick Swayze, Brian est d’abord attendri puis rétorque
"C'est pathétique » car il trouve en même temps que ces
enfantillages ne sont plus de leur âge.
Dans cet état de confusion, Brian craint de plus en plus
le jugement de Michael vis à vis de ces derniers changements.
Il se méfie de ses réactions, car il sait que Michael le connaît
très bien et peut être sarcastique à tout moment : quand Brian
l'accompagne à son rendez-vous avec Tracy, Michael lui fait
remarquer qu'il a fait repeindre la Jeep. Ainsi, il n’ose pas
lui dire qu’il a passé une deuxième nuit avec Justin.
Il ne veut que Michael lui fasse remarquer qu'il a transgressé
ses propres règles, et ne veut pas non plus le blesser inutilement,
car il pense à ce moment-là encore qu’il ne reverra pas Justin.
Quand Michael l’engueule d’avoir baisé avec Justin dans son
ancienne chambre, Brian reste médusé et n’ose pas protester.
B) L’ouragan David
L'arrivée de David chamboule tout. Brian et Michael sont
maintenant différents et ils doivent s’y faire. Le comportement de Brian vis à vis de Michael est très paradoxal.
Il le pousse d'abord à aller à son rendez-vous avec David. Mais
quand il se rend compte qu’il s’agit d’une relation qui peut
devenir importante, il s’attaque à David. Il sent le danger,
et n’a pas envie que Michael lui échappe.
Son instinct paternel envers Michael refait alors surface.
Il questionne David, le teste, met à l'épreuve son honnêteté
et essaie de décourager Michael, comme un père le ferait avec
sa fille unique qui sort avec son premier flirt.
Il supporte difficilement que Michael parte en week-end avec
David et le laisse aller seul à la soirée mousse. Il lui dit
volontairement au téléphone qu'il a eu un accident de voiture
mais qu'il ne doit pas revenir, sachant pertinemment que Michael
ne l'écoutera pas. Par égoïsme, il voudrait que Michael soit
à ses côtés et sa jalousie le pousse à ruiner son week-end.
Sur l’autoroute de New York, il se moque de Michael en demandant
si David se précipite sous la douche après l’amour. Quand celui-ci
lui répond qu’il reste dans ses bras, suant et poisseux, Brian
dit sérieusement : «Alors, il doit vraiment t’aimer». Il pense
être sur le point de perdre Michael. Dans une tentative désespérée,
il passe à l’attaque, rappelant à Michael à quel point ils sont
proches et lâche la formule qui tue : «Qu’est-ce que je ferais
sans toi ?» Il obtient ce qu’il voulait : Michael décide de
ne pas emménager avec David et ce dernier rompt.
Pour se donner bonne conscience après leur séparation, il
dit à Debbie que Michael ne s’amusait pas avec David. Rassuré
puisque le danger est passé, il recommence à s'amuser avec Michael,
en lui reprochant d'avoir écouté ses conseils et d'avoir laissé
filer David.
C) Comment couper le cordon ?
Quand Debbie vient le voir pour lui demander de laisser une
chance à Michael de vivre sa vie, Brian se rend compte à quel
point il est important pour Michael de trouver un équilibre
dans le couple et accepte que celui-ci puisse vivre différemment
de lui. Sachant que Michael ne comprendrait pas une "rupture"
classique, Brian décide une fois encore de faire les choses
en grand.
Il organise une soirée d’anniversaire parfaite pour Michael,
sachant que c’est la dernière qu’il passe avec lui, et lui offre
le cadeau parfait : Captain Astro, ce qui rend David ridicule
avec sa montre de prix. Bien sûr, ce cadeau est aussi une façon
de lui dire "Va tenter ta chance avec David, mais n'oublie
pas que c'est moi qui te connais le mieux."
Ce qu'il n'a pas calculé, c'est à quel point Michael allait
lui manquer. Il lui téléphone puis raccroche, regarde ses photos,
l’appelle machinalement quand il sort du Babylon. Il réalise
que Michael l’amusait. Il était drôle, impertinent, il le connaissait
par coeur.
Ils se réconcilient, et acceptent de vivre chacun leur vie
à leur manière. Mais Brian ne peut s'empêcher de se mêler de
celle de Michael, donc quand celui-ci vient le voir à l'insu
de David, c'est Brian qui essaye d'arranger les choses en conseillant
à David de laisser plus de liberté à Michael et en lui rappelant
qu'il ne peut pas le forcer à ne plus voir son meilleur ami.
Brian a de la chance. Comme dit Melanie, c’est «Mr Téflon,
les merdes ne lui collent pas après». Michael pète les plombs
: sous prétexte de vouloir plaire à David, il est devenu imbu
de lui-même, et Brian peut facilement démontrer qu’ils ne sont
pas faits pour être ensemble. Brian jubile, car il aime avoir
raison.
Pourtant, quand il rencontre David aux bains et qu’il tient
là l’excellente occasion de briser le couple, il ne dit rien
à Michael. Quand celui-ci l’apprend, il reste honnête, en disant
que David ne lui a pas menti et qu’il ne l’a pas trompé. Il
sait que Michael aime David, il laisse donc à ce dernier une
chance de s'expliquer et d'être honnête envers Michael. De plus,
Brian s'est rendu compte qu'il doit laisser Michael vivre sa
vie sans trop s'y immiscer.
Bien que Brian fasse tout pour Michael, il n'aime pas David
pour autant. Il ne peut s'empêcher de jouer avec lui. Ainsi,
pendant le concours du Roi du Babylon, il se montre à nouveau
immature envers David en faisant tout pour le ridiculiser.
Quand il sait qu’il ne va pas aller à New York, Brian le
cache à Michael, sachant qu’il annulerait aussitôt son départ
pour Portland. Au cinéma, il lui conseille de partir. Pour lui,
c’est un grand sacrifice, puisqu’il sait qu’il va rester à Pittsburgh,
et aussi qu’il a du mal à vivre sans Michael. Il le fait pour
le bien de Michael. Même si c’est avec David, qu’il déteste.
Là, il n’agit pas en égoïste. Il sait qu'il est temps pour eux
de grandir. Michael doit donc faire ses propres choix, sans
se préoccuper de Brian.
Brian et son père
Pendant trente ans, Brian n’a pas dit à ses parents qu’il
était gay. Depuis qu'il vit seul, il les a probablement très
peu vus. Mais lorsque Justin, rejeté par son père, déclare qu'il
ne peut pas s'en passer, il va voir le sien. Il va le retrouver
directement à son club d'anciens collègues, sachant qu'il y
passe ses journées.
Jack l'accueille avec une apparente gentillesse et entame
la conversation avec des banalités qui, vu la réaction de Brian,
sont habituelles chez son père. Il lui dit ensuite qu’il est
à court d’argent. Ce n’est visiblement pas la première fois
puisque Brian avait déjà préparé une enveloppe qu’il lui donne.
Ces premiers échanges en disent déjà long. Les deux hommes
ne sont visiblement pas très proches et on a l'impression que
Brian est avant tout un banquier aux yeux de son père.
Jack dit alors à Brian qu’ils se ressemblent beaucoup, et
Brian acquiesce machinalement. Mais quand son père ajoute qu’ils
ne sont pas faits pour la vie de famille, Brian craque. Venant
lui-même d’être père et se posant des questions sur ses capacités
en tant que parent, il ne peut s'empêcher de demander à son
père pourquoi il a épousé sa mère, et pourquoi ils ont eu deux
enfants. Jack répond : "Tu es intelligent, je pensais que
tu aurais deviné..." Brian vient d’avoir la confirmation
qu’il n’était pas désiré (sa mère catholique aura sûrement refusé
d’avorter).
Brian, dans un sursaut de colère, cherche à partir, mais
son père le supplie de rester. Soudain, il se voit comme dans
un miroir, et se rend compte qu'il ressemble à son père bien
plus qu'il ne l'avait cru. Il est déçu de découvrir qu'il ne
sera probablement pas un meilleur père que lui. Après avoir
passé la soirée avec son père à enchaîner les whiskies et à
l’écouter raconter ses histoires sans intérêt, il se réfugie
auprès de Michael comme une loque. Ce dernier lui dit que son
père ne changera jamais et on voit Brian pleurer pour la première
fois. Il pense que lui non plus ne changera pas. Pourtant, il
décide de tenter sa chance en tant que père, et refuse de céder
ses droits à Melanie. Il espère pouvoir changer la tradition
familiale en acceptant cette responsabilité, et en se démarquant
de son père.
Quand il apprend que son père a un cancer, Brian suit les
conseils de Debbie et lui apprend qu’il est gay. C'est un énorme
pas pour Brian, qui n'a jamais pu le dire à ses parents, alors
qu'il a pour principe de vivre dans la transparence. Jack réagit
d'abord violemment, mais lui rend plus tard une visite au loft,
avec une vieille photo de lui, tenant Brian bébé dans ses bras.
Brian rejette d'abord la photo, réagissant comme son père,
puis lui laisse quand même le bénéfice du doute. Il sait quel
effort ça a dû être pour son père de venir jusque là. Il lui
présente alors son petit-fils, comme pour faire la paix avec
lui et récupère la photo qu’il a d’abord lancée par terre. Il
l'observe, remarquant la similitude dans sa manière d'être avec
Gus. Malgré tout, il connaît le schéma qui a mené à la dérive
des rapports père-fils, et ne le laissera pas se reproduire.
Après avoir enterré son père, il se débarrasse de sa boule
de bowling, pour faire définitivement une croix sur cette partie
de sa vie.
Brian et les autres
Au départ, Brian agit un peu de la même façon avec tout le
monde, en évitant le dialogue, et en répondant systématiquement
par des sarcasmes, des réactions de colère ou d'agressivité.
Il se méfie de tout le monde et est toujours sur la défensive.
Il refuse se signer l'assurance-vie de Gus, accusant Melanie
de vouloir sa mort, il s'emporte quand les autres lui disent
qu'il doit se sentir responsable de Justin après l'avoir dépucelé.
Chaque fois, il a besoin du réconfort de Lindsay ou de Michael,
avec qui il se sent en confiance, pour se calmer.
Il pense qu'il peut vivre sans les autres, mais compte lâchement
sur eux pour le forcer à prendre des responsabilités. Et malgré
lui, ceux qui l'entourent vont peu à peu le faire évoluer.
Ted a pensé que Brian était la bonne personne pour le débrancher
le cas échéant, mais il s’est trompé. Brian ne sait que faire
face à cette situation qu’il n’avait pas prévue. Et comme à
son habitude, il rejette violemment la responsabilité que Ted
lui a imposée. Plutôt que de l’assumer, il essaie de se réfugier
dans le sexe, en vain. Il ne cache pas sa faiblesse à Lindsay.
Il lui fait part de ses doutes, et avoue qu’il se sent seul
en disant : «Et moi, qui me prouve que je suis vivant ?» Cette
dernière le pousse indirectement à faire un choix en le rassurant.
Elle lui fait comprendre qu’il prendra la bonne décision, quelle
qu’elle soit.
Après avoir été traité de lâche par Melanie, et avoir entendu
Ted dire, après son réveil, qu'il l'avait choisi parce qu'il
était insensible, Brian se rend compte qu'il a trop bien joué
la froideur, et que cela peut lui jouer des tours.
Quand il ramène Hotlanta au loft, Justin part se réfugier
chez Lindsay et Melanie. Là encore, c’est Lindsay qui incite
Brian à régler la situation en l’appelant pour le sermonner.
Ce dernier tente alors de réconcilier Justin avec ses parents.
Après le cambriolage, Lindsay va le voir au loft pour l'aider
à lister les objets qui ont disparu et elle note sur le bloc
ce qu'il a perdu de plus cher : Justin.
Debbie procède de manière plus directe avec Brian. Quand
Justin part à New York, elle rappelle clairement à Brian qu’il
en est responsable et qu’il doit aller le chercher. Plus tard,
elle lui ordonne aussi de rendre sa liberté à Michael. Brian
s’exécute car il sait pertinemment qu’elle a raison.
Lindsay et Debbie ont une autorité certaine sur lui : amicale,
bienveillante mais aussi intransigeante. Pas de débordements
d'affection inconditionnelle de type maternel, qui a tendance
à tout excuser, tout pardonner. Elles jouent un rôle quasi paternel
avec Brian en l'incitant à faire face à ses responsabilités,
en l'aidant à prendre des décisions. Brian accepte leurs interventions
parce qu'elles savent combien il est finalement faible et indécis
dans ses relations avec les autres. Elles savent qu'il y a quelqu'un
de bien, mais de fragile, derrière le masque.
Depuis la naissance de Gus, Brian et Melanie ont compris
qu'ils devaient composer, et apprennent peu à peu à s'apprivoiser
l'un l'autre. Quand il est poursuivi par Kip Thomas, c'est elle
qu'il charge de le défendre, sachant qu'elle ne le trahira pas,
à cause de Lindsay et de Gus. Après la séparation de Lindsay
et Melanie, Brian se rapproche de cette dernière. Leurs duels
ressemblent alors plus à des jeux, et il l'aide à récupérer
Lindsay.
Fin de saison mouvementée
Le jour de ses 30 ans, Brian achète une écharpe, et s'offre
une séance de scarfing (méthode utilisant la strangulation pour
décupler les effets de l'orgasme par suffocation, pouvant évidemment
entraîner la mort). Il risque de mourir, mais ce n'est pas important.
Laisser dans l'esprit des gens une image jeune et parfaite comme
James Dean, Jimi Hendrix, Kurt Cobain lui paraît de toutes façons
être une idée séduisante.
Comme dans le premier épisode où il menaçait de se lancer
dans le vide du haut de la terrasse de l'hôpital, Michael est
près de lui. Sauf que cette fois, Michael est sur le point de
partir à Portland.
Brian va finalement retrouver Justin au bal de promo le lendemain.
Alors que Brian est sur le point d'entamer une nouvelle vie,
sans Michael mais avec Justin et Gus, Justin se fait attaquer
et se retrouve dans le coma, entre la vie et la mort. Cette
fois, Brian appelle Michael au secours, et ce n'est plus un
jeu pour le manipuler.
Brian et Michael se retrouvent comme au début, dans ce même
couloir d'hôpital où ils couraient joyeusement un an plus tôt,
pour découvrir Gus. La boucle est bouclée.
Brian a évolué tout au cours de la saison, et pourtant, tout
semble indiquer qu'il se retrouve à la case départ.
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