Jupak : Depuis combien de temps The Unseen
est-il en production ? Lisa : J'ai écrit "The Unseen
» en juillet 2003. J’ai du alors faire une pause pour voyager
avec mon premier film "Anne B. Real." Moi et mes producteurs
Luis Moro et Phillip Bloch avons développé le scénario pendant
ce temps et obtenu une version définitive en février 2004. Finalement,
nous sommes entrés en production en juin 2004 après que Duane
Wandless, notre producteur exécutif ait rassemblé le reste de
l’argent dont nous avions besoin. Nous sommes actuellement en
post-production au Lab 601 à Atlanta à deux semaines seulement
du produit final.
Jupak : Étant la scénariste/réalisatrice/productrice
du film, avez-vous eu le sentiment d’avoir le contrôle ? Lisa
: C’était très schizophrène. Vous marchez sur une ligne étroite
quand vous vous battez contre vous-même pour quelque chose.
La réalisatrice/scénariste veut que tout ce qu’elle a écrit
apparaisse à l’écran et la productrice doit dire à la réalisatrice/scénariste
qu’elle ne peut tout avoir parce que cela coûte trop cher. Michael
Stipe (le chanteur de REM) a écrit une chanson « World Leader
Pretend »et je trouve les paroles d’ouverture très parlantes
sur le fait d’être un trait d’union : « Je m’assois à ma table
je me fais la guerre à moi-même. Il semble que tout ça c’est
pour rien » Et naturellement vous savez que ça n’est pas pour
rien mais parfois vous pensez que vous pourriez rejoindre les
Peace Corps (organisme américain de coopération qui envoie des
volontaires dans le Tiers-Monde) au lieu de vous battre au téléphone
contre les 20 dollars de supplément pour une voiture d'appui.
Jupak : Quels sont certains des principaux
obstacles auxquels vous avez du faire face pendant l'écriture
ou la production ? Lisa : Le premier est l’argent. Je
n'ai jamais eu assez d'argent pour filmer le scénario que je
dirigeais ; donc Luis et moi essayions toujours de proposer
des manières d'être créatif malgré ce problème. C’est déjà assez
dur de proposer une histoire qui soit nouvelle, excitante
et captivante, alors quand il faut aussi trouver la manière
de raconter cette histoire avec un petit budget… C’est dur.
Par exemple, j’avais planifié avec mon caméraman Jim Hunter
de tourner avec l’ensemble de la distribution un plan très cher
avec une grue. Moins de 24h avant le tournage, une plus grosse
production pouvant supporter le prix de la grue ( nous avions
obtenu un prix) nous l’a soufflée sous le nez. C'était, de loin,
le plan le plus cher du film. Je ne me suis pas troublée pour
autant, j’ai remarqué que mon caractère s’est modifié depuis
que je suis devenue réalisatrice. Tout semble possible, en bien
ou en mal, vous devez simplement être prêt à tout et absorber
l’impact de n’importe quel incident. Luis n’a pas abandonné
le plan et a trouvé un camion avec un élévateur qui pouvait
aller jusqu’à 60 pieds dans les airs. Nous l’avons loué pour
50 billets ; ce n’est pas aussi coulant qu’avec une grue mais
je pense que les spectateurs seront surpris par la fluidité,
c’est très joli.
Jupak : Avez-vous un conseil pour de jeunes
réalisateurs ou scénaristes ? Lisa : Le faire par soi-même
sans attendre quiconque. Avec l'arrivée du numérique, n'importe
qui peut faire un film. C'est à la fois positif et négatif…
Sérieusement, vous n’avez besoin de personne. Vous pouvez acheter
une caméra, les lumières minimales, l'équipement sonore,
un logiciel de montage pour moins de 30 000 dollars et avoir
un mini-studio. Si vous êtes vraiment intelligent, vous pouvez
tourner votre film dans l’ordre et n’avoir aucune coupe ! Je
l’ai déjà fait auparavant comme un exercice et c’est très utile
à la fois comme un entraînement et une aventure.
Jupak : Pouvez-vous me parler de l’intrigue
et des personnages de THE UNSEEN ? Lisa : L'idée fondamentale
est que parfois vous pensez avoir vu quelque chose et qu’à partir
de là vous faites des jugements, prenez des décisions, commettez
des actions qui affecteront votre vie et celle des autres mais
que se passerait-il si vous n’aviez pas vu ce que vous pensiez
avoir vu ? Le film est à propos des choses « non vues » (« unseen
») dans la vie qui dirigent la vie.
Jupak : Quand pouvons-nous espérer voir
THE UNSEEN dans les salles ? Lisa : Nous n'avons pas
encore de distributeur mais nous avons soumis notre film à Sundance
et à Berlin et nous croisons les doigts pour qu’il soit accepté
par l’un ou l’autre ou les deux. C'est le rêve de la plupart
des réalisateurs de films indépendants et ce serait une bénédiction
si tout se résolvait ainsi pour nous.
Jupak : Michelle Clunie et Gale Harold,
de la série QAF sur Showtime , sont les stars de THE UNSEEN.
Quelle est leur relation à l’écran et à la ville ? Lisa
: Ils sont étonnants ensembles ! Ils sont bons amis et ont une
merveilleuse chimie dans leur jeu. Tous les deux ont un talent
terrible et ils ont vraiment poussé leur performance jusqu’à
la limite. Tous les acteurs l’ont fait… J'ai souvent pensé à
ce par quoi ils devaient passer à jouer dans une série la même
chose jour après jour, année après année … Ce film leur a donné
l’opportunité d’étendre la palette de leur jeu et de jouer quelque
chose qu’ils n’ont pas l’habitude de jouer. Dans "THE UNSEEN
», ils jouent un couple avec beaucoup en jeu. Le personnage
de Michelle pousse vraiment celui de Gale à aller là où il n’a
pas envie d’aller. Le personnage de Gale « Harold » est destiné
comme celui de Carlos Leon, « Juan » dans « Anna B.Real
», à être chargé de feu et de pathos. Quant au personnage
de Michelle « Kathleen », il est l’amour et la force du film.
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