"Queer as Folk"; provoque un choc culturel aux Etats-Unis
par Ann Finstad
Je me souviens encore de l’endroit où je me trouvais quand
j’ai vu “Queer As Folk” pour la première fois. Je m’apprêtais
à me coucher, après une journée passée sur la plage, et j’ai
zappé d’une chaîne à l’autre dans ma chambre d’hôtel de Cancùn.
Je me suis arrêtée sur une chaîne qui diffusait une série dont
j’avais entendu parler, mais que je n’avais jamais vue. Il y
avait des sous-titres espagnols, et je ne connaissais pas les
personnages. Pourtant, je suis restée scotchée sur mon siège
- sur mon lit, je veux dire. Je n’en ai pas perdu une miette,
de l’intro colorée avec ses go-go dancers, jusqu’au générique
de fin. Ma sœur aussi a accroché. A partir de là, tous les soirs,
en nous appliquant l’une l’autre de l’après soleil, nous avons
cherché la suite, en naviguant fébrilement d’une chaîne à l’autre,
car nous n’avions pas de programme télé.
Nous sommes restées une semaine et, pendant ce temps, nous
avons eu l’occasion de voir une bonne partie de la première
saison. Ce qui me reste de mes vacances à Cancùn ne sont donc pas
les merveilleuses plages ni le ciel éternellement bleu. Ni les
ruines Mayas, ou la fameuse équipe de football mexicaine qui
séjournait dans notre hôtel. Je me souviens de cette série télévisée.
Appeler "Queer as Folk" une série gay serait comme
appeler “Friends” une série hétéro, ou “CSI” une série policière.
C’est vrai à la base, mais réducteur, si l’on veut honnêtement
décrire la série et ce qu’elle véhicule. "Queer as Folk"
est intelligemment écrit, avec des personnages vivants, des
familles chaleureuses, un propos social pertinent, et des histoires
d’amour qui vous serrent le cœur. Il y a simplement que la plupart
des personnages sont gays. La série n’est pas pour les moins de 13 ans, ni pour les
petites natures. Mais ce n’est pas à cause de son sujet. C’est
à cause de la façon dont la série décrit l’usage de la drogue,
du langage cru, du “sexe pour le sexe” et de la nudité - dans
un monde post-"Sex and the City". Mais n’est-ce pas
tout simplement ce que nous attendons de la télévision câblée
? Des scénarios qui renversent les barrières, avec des scènes
en conséquence, des histoires dépeignant la réalité dans sa
profondeur, abordant tout ce que la vie a de pathétique, de
véridique et de dramatique, qui nous manquent dans les sitcoms
? “Queer As Folk” l’a fait, au-delà de nos espérances.
Alors que le réseau hertzien - malgré tous les “progrès”
accomplis - présente toujours un baiser entre deux personnes
du même sexe comme l’affaire du siècle, "Queer as Folk"
n’en fait rien. Il dit simplement : c’est notre manière de vivre.
Acceptez-la pour ce qu’elle est. "Queer as Folk" a été accusé de dépasser les bornes
et de ne montrer qu’une petite partie stéréotypée de la vie
des gays. Mais ne vaut-il pas mieux montrer un fragment de cette
vie que rien du tout ? Bien sûr, les dialogues sont parfois un peu “sitcomiens”,
et je me demande souvent combien on peut y voir de fesses nues
à l’heure. Mais dans l’ensemble, c’est un programme original,
hors du standard Warner Bros . Après tout, même les ados les
plus précoces des séries WB, ne lancent pas des répliques du
style : "Tu aimes la jeune bite ?" comme le fait Hunter,
16 ans, lors de sa première apparition dans la saison 3 de "Queer
as Folk." Ce numéro de juin de Lumino Magazine contient des interviews
de six acteurs de “Queer as Folk." Chacun d’entre eux réfléchit
sur son rôle, et sur sa vie. Dans la section Culture, Lumino
propose également les témoignages d’un gay élevé à Chicago et
d’une femme hétérosexuelle pour qui tout n‘est pas uniquement
blanc ou noir. La Section Culture comprend aussi un article
contre le mariage gay, et un débat sur l’inné et l’acquis.
Si vous n’avez jamais vu "Queer as Folk," vous
avez maintenant l’occasion de le découvrir. Je vous garantis
qu’il n’est pas besoin d’aller à Cancùn pour être accro - bien
que cela ne puisse pas faire de mal.
Et même si vous n’êtes pas d’accord avec le style de vie
dépeint, des séries comme "Queer as Folk" retiennent
l’attention de l’Amérique, et provoquent un débat social. Et
la discussion, quelle qu’elle soit, est préférable que de traiter
le sujet comme un tabou.
Hal Sparks est exactement comme nous par Jesse Scaccia
Hal Sparks est intelligent, aimable, drôle, propre sur lui,
sympathique et d’une beauté non dérangeante. Ses réparties font
mouche, et c’est une star de la série à succès de Showtime depuis
trois ans maintenant. Dans ce cas, pourquoi lui a-t-il fallu
plus d’un an pour atterrir dans un talk show important ?
"Les gens avaient peur de l’univers gay, je pense,"
dit Sparks, star de "Queer as Folk." Ses débuts dans
un talk show de la télévision hertzienne datent du “Tonight
Show" du 26 janvier 2001 – 421 jours après le choc de la
première diffusion de "Queer as Folk" aux Etats-Unis.
"Leno était terrorisé," dit Sparks. "D’accord,
c’était ma première apparition dans l’émission. Mais la question
: “Abordons le fameux sujet” flottait dans l’air. J’ai fait
une plaisanterie à ses dépens, ce qui a fait rire le public.
Après ça, l’atmosphère a été beaucoup plus détendue.”
Quelle est la plaisanterie qui a désarmé le roi de la télévision
nocturne ? “Il a demandé quel effet cela faisait-il d’embrasser
un homme. J’ai dit : ‘Jusqu’à quel point vous sentez-vous capable
d’aller pour en faire l’expérience ?’ " Sparks n’est pas gay. Il n’est pas folle, homosexuel, ni
pédé non plus, mais merci pour la question. Il vient du Kentucky,
il ne mord pas, et il est hétéro. C’est un fait que certaines
personnes ont du mal à accepter. “Des journalistes m’ont reposé la question au fil des années,
même après m’avoir déjà rencontré. Ils continuaient à me demander
si je n’étais toujours pas gay. Du genre : alors, ça a pris
?“ dit Sparks avec un grand soupir. "L’idée persiste qu’être
gay est contagieux. C’est ancré." A 34 ans, Hal Sparks est, dans la vie de tous les jours,
un acteur réaliste avec un groupe de rock partant régulièrement
en tournée, un expert en arts martiaux, un adepte du Bouddhisme,
un pilier des séries de VH1 “J’aime les années 70” et “J’aime
les années 80". En outre, il joue le rôle-vedette de Michael,
protagoniste de la série qui a remporté le prix de la "Meilleure
Série Dramatique" aux GLAAD Awards l’année dernière : "Queer
as Folk". Vraiment, Hal Sparks est exactement comme vous et moi. La
paradoxe est que non seulement cet emblème de l’Amérique gay
s’avère hétéro, mais, en plus, il sait s’imposer. Sparks, 1m
72, 68 kilos, est réputé pour attaquer les gens quand il le
faut. “C’était il y a quelques années. Il y avait un connard,
dans une soirée, qui criait sur sa petite amie" dit
Sparks, se souvenant de cette nuit de rixe. "J’ai sorti
mon speech habituel : ‘Si tu as l’habitude de parler comme ça
à ta copine, fais-le chez toi. Si tu le fais en public, c’est
que tu veux passer pour le plus grand caïd de l’endroit, mais
tu te trompes.’ Et c’est généralement ce que je dis avant d’envoyer
un mec valser par-dessus une table."
Sparks ne verrait pas d’objection à être le plus grand caïd
de tous, y compris dans l’équipe présidentielle. "Le
monde est actuellement dirigé par des gosses de riches sous
acide," dit-il en faisant référence à l’administration
Bush. Il se verrait volontiers travailler dans une cellule de
réflexion du Groupe Carlyle, à condition de pouvoir commencer
ses phrases par : “En théorie..."
Hal Sparks est attiré par la religion, la politique et le
sexe avec la même fascination qu’ont les pré-adolescentes pour
les jumelles Olsen. Il semble ne pas pouvoir éviter ces sujets
qu’en principe vous n’abordez pas à table. “Je trouve très ironique
de penser que si la Bible était découverte aujourd’hui en Syrie,
les gens qui l’auraient trouvée seraient brûlés,“ dit-il.
"Seules les religions du Moyen-Orient parlent d’une
fin," continue Sparks. "Toutes les autres religions
sont cycliques. Au Moyen-Orient, quand vous vivez dans le désert,
la vie est un enfer. Vous avez besoin de croire que vous trouverez
une oasis après votre mort, et vous devez croire que la mort
est meilleure que la vie. Cela donne naissance à ce genre de
psychologie. Le meilleur viendra après la mort physique."
Quand Hal Sparks parle, sa voix est calme et assurée. Il
apparaît clairement, à la façon dont il énonce ses idées, qu’il
est plus lucide que la plupart des gens. Sparks fait partie
de la nouvelle vague de célébrités qui évitent les futilités,
les boîtes de nuit, le look lunettes de soleil et teint bronzé,
au profit d’une image plus structurée et plus intelligente.
En fait, Sparks ne fume pas, ne boit pas, ne se drogue pas -
et il s’assure que vous avez bien noté ces informations.
Il se pourrait qu’il n’ait simplement pas le temps de faire
ces choses. Le programme de Hal Sparks est plus garni qu’un
buffet à volonté. En dehors de son métier d’acteur, de ses apparitions
à la télévision, de son groupe de rock et des arts martiaux,
Sparks a d’autres grandes ambitions. “Mon objectif final est
de devenir un acteur “rond de cuir” qui va en Italie pour
se faire prendre en photo, nu, contre sa volonté,“ dit-il.
Exactement comme nous tous, n’est-ce pas ?
Peter Paige poursuit une ambitieuse carrière
par Lukas Szymakek
S’il parle comme une femme, marche comme une femme, et s’habille
comme un homme qui aurait passé beaucoup trop de temps
à demander conseil à la femme qui est en lui, alors c’est probablement
Emmett Honneycutt. De la bande de “Queer As Folk”, il est le
plus resplendissant. Il est l’optimiste, le naïf, le comique,
la reine. Il est Jack McFarland. Qu’il triomphe dans le site
porno de son meilleur ami comme attraction principale, ou qu’il
pleure la mort subite de son vieil amant après avoir fait l’amour
avec lui dans les toilettes d’un avion, le personnage ne manque
jamais de déclencher les larmes, l’émotion ou la profonde surprise.
"Je ne voudrais pas froisser les autres acteurs, mais
je pense honnêtement que j’ai le meilleur rôle," déclare
Peter Paige sur son incarnation télévisuelle, le flamboyant
Emmett. "Il y a tellement de vie en lui. Il extériorise
tellement ses émotions." L’acteur a déjà une grande expérience à la télévision et
au théâtre. Avant de décrocher son rôle dans "Queer As
Folk", il a fait de courtes mais mémorables apparitions
dans des sitcoms comme "Suddenly Susan" et "Will
& Grace." Mais c’est de son passé sur les planches
que lui vient tout le mérite. Il a toujours aimé ce métier depuis
son enfance à West Hartford, Connecticut. Peter Paige est diplômé
de l’Ecole d’Art Dramatique de l’Université de Boston et a figuré
dans de nombreuses productions nationales avant d’être remarqué
par un agent, et de s’installer à Los Angeles.
"Je suis une vraie petite gloutonne. Je veux tout faire,"
avoue Paige sur le ton de la plaisanterie, mais en énonçant
une très sérieuse vérité. Les autres passions de Paige sont l’écriture et la mise en
scène. Il pense à disparaître des sunlights pour passer derrière
la caméra. “Mon rêve serait une carrière à la Stanley Tucci,
ou Kevin Spacey," dit-il. Paige fait référence à la polyvalence des projets des autres
acteurs. Il veut aussi continuer à faire du théâtre. "L’année
dernière, j’ai fait une création mondiale, et j’ai joué dans
des pièces à la fin des saisons 1 et 2 de "Queer As Folk",
dit-il. “C’est la première fois que je passe autant de temps
en dehors des planches." Entre temps, il y a eu une nouvelle saison de "Queer
As Folk,“, et Peter a fait beaucoup de promotion pour la série,
dont des voyages à New York, à Miami, à Atlanta et à San Francisco.
“La nouvelle saison, dit-il, sera importante pour Emmett, qui,
à la fin de la dernière, a connu une douloureuse confrontation
avec son petit ami, Ted, devenu accro à la drogue.”
"Ils ont beaucoup à faire pour réparer les dégâts,"
admet Paige. "Mais les producteurs ont choisi de les laisser
vraiment longtemps fâchés." Paige répète à quel point il aime jouer un personnage aux
si nombreuses facettes, honnête sur le plan émotionnel, et confiant
au point d’en être parfois naïf. Emmett est passé de la vente
de vêtements au travail dans le porno, des bras d’un amant beaucoup
plus âgé que lui à ceux de son meilleur ami. Il est toujours
resté extrêmement tolérant et positif. Stéréotype gay ou non,
Emmett Honeycutt est un homme solide et fier qui peut être à
la fois admiré pour sa versatilité et son assurance. Paige déclare
que, plus tard dans la nouvelle saison, la vie d’Emmett va être
bouleversée. Mais dans le bon sens du terme, ajoute-t-il rapidement.
Aujourd’hui, de retour à LA, Peter est occupé par un autre
projet. Il réalise un film indépendant à petit budget, "Donut
Hole," qu’il interprète lui-même avec Kathy Najimy.
Il décrit le film brièvement comme “une comédie sur la culture
du soupçon." Il a fait passer des auditions, a organisé
une réunion pour le calendrier de tournage, et est en discussion
avec les producteurs. Le métier de réalisateur est difficile, et complètement différent
de celui d’acteur, mais Peter pourrait bien y trouver sa voix.
Il veut toucher à tout. Et qui sommes-nous pour oser dire qu’il
ne peut pas le faire ?
Scott Lowell affronte les intempéries et la tragédie d’un
personnage par Lukas Szymanek
Scott Lowell est enfin revenu chez lui la dernière semaine
de mars, après six nouveaux mois de tournage à Toronto. On peut
percevoir du bonheur et du soulagement dans sa voix - ou peut-être
parle-t-il toujours de cette façon là. Peut-être fait-il partie
de ces gens qui ne se plaignent jamais d’être épuisés par le
travail. Peut-être parce qu’il donne une interview et sait que
je note chaque mot. Son sens de l’humour est pourtant toujours
vivace. Je suis à l’aise, même si je me sens un peu intimidé, et
effrontément jaloux. Il est au soleil de LA, probablement sous
sa véranda. Je suis assis dans mon appartement à Chicago, ayant
fui le froid mordant de l’extérieur pour le confort du canapé
de mon salon. Lowell sait de quoi je parle lorsque je me plains du temps
au passage, donnant un tournant maladroit au début de notre
conversation. Né en 1965 à Denver, il a étudié l’art dramatique
dans le Connecticut pendant onze ans mais, depuis 1987, Lowell
a vécu, grandi et joué dans la “Cité du Vent”. Pourtant, non,
il ne connaît pas David Schwimmer. "[Chicago] est l’endroit idéal pour commencer une carrière
d’acteur”, avoue lui-même la star qui ‘n’a plus vraiment à se
battre’. “Pendant six, sept ans, j’ai fait du théâtre off dans
des productions confidentielles, allant de show en show. J’ai
fini par jouer n’importe où, même s’il n’y avait que quatre
spectateurs. Vous apprenez beaucoup de telles expériences."
Il a aussi participé à des spectacles plus couronnés de succès
dans les célèbres théâtres Steppenwolf et Goodman. Il se remémore
pendant un instant, sur le ton de l’autodérision, une terrible
critique parue à son sujet dans le Chicago Tribune, qui qualifiait
sa performance dans "Le Marchand de Venise" d’ “extrêmement
non comique". Lowell n’est pourtant pas amer vis-à-vis
de la critique. Aujourd’hui, il s’approprie l’humour cassant
et souvent pathétique de Ted Schmidt dans la dramatique à succès
de Showtime “Queer As Folk," sans parler des démons intérieurs
du personnage. Se débarrasser de ce double attachant, une fois
rentré à la maison, est une chose difficile pour l‘acteur.
"Ted est un type formidable. Il est prévenant, il aime
ses amis,“ dit Lowell. "C’est dur pour moi de le voir traverser
toutes ces choses horribles." La saison dernière, les scénaristes ont donné à l’acteur
l’occasion de faire montre de son talent dramatique en plaçant
la barre très haut pour Ted. Les téléspectateurs l’ont vu tomber
amoureux de son meilleur ami Emmett, puis sombrer dans la drogue
qui a dévasté sa vie, son amour et ses amitiés. Lowell parle des évidents "manque d’estime personnelle
et énorme dégoût de soi-même" de son personnage. "Il
ne voit pas sa propre valeur, il recherche constamment le bonheur
en dehors de lui-même.” Dans la troisième saison plus que jamais, Lowell a su équilibrer
avec succès la double personnalité de son personnage. Perçu
jusqu’alors uniquement comme quelqu’un de d’excessif dans ses
sarcasmes et de comique malgré lui, Ted s’est montré récemment
profondément perturbé, succombant à l’enfer de la drogue malgré
l’affection de son compagnon. “L’autopunition qu’il s’inflige
commence à laisser des traces en moi. J’aime jouer ce
personnage qui va bien au-delà d’un bonheur superficiel, mais
les séquelles que je rapporte à la maison sont douloureuses,"
dit Lowell. Son portrait réaliste d’un accro qui souffre a eu des répercussions
sur les réelles victimes, qui lui ont manifesté leur reconnaissance.
La série dont le thème était au départ la vie gay a depuis abordé
tant de sujets différents que cela lui a valu une nouvelle audience
démographique. "J’ai des amis accros, qui me parlent maintenant
de leur problème. Le scénario de l’année dernière a ému beaucoup
de gens, parce qu’il validait leurs propres expériences. Ils
sont heureux d’être reconnus." Comment Ted va-t-il se sortir de cette tragédie ? “Il va
commencer à reconstruire sa vie de bout en bout”, dit Lowell.
"C’est un voyage difficile. Ted a blessé Emmett cruellement,
mais les scénaristes ont fait du bon boulot, en ce qui
concerne sa guérison." Enfin, Lowell dit que son planning, comme celui de Peter
Paige, a été beaucoup plus chargé lors de la dernière période
de tournage, pour rendre plus crédibles les nouvelles relations
du couple de fiction. "La nouvelle saison montrera une
grande évolution des personnages, des amitiés plus soudées,
et des garçons devenant des hommes, entrant dans leur maturité.”
Au moment où nous parlions, Lowell et moi, les acteurs de
la série attendaient toujours l’annonce officielle de la mise
en route de la prochaine saison. Récemment, les grosses têtes
de Showtime ont décidé de faire revenir la fable “Queer au Pays
des Merveilles de Pittsburgh” pour une cinquième saison. "Queer
As Folk," jamais salué par la critique pour sa créativité,
a pourtant remporté un grand succès à la fois commercial et
culturel depuis des années. "La série est partie sur les
chapeaux de roues, et maintenant elle surfe sur la vague”, dit
Lowell. "Showtime a dépensé beaucoup d’argent pour promouvoir
la série; ils nous ont toujours beaucoup supportés," ajoute-t-il,
quasi certain (il s’avère qu’il a raison) que la chaîne va donner
son feu vert pour une autre saison. Pour le moment, il est l’heure de passer du brutal climat
de Toronto et du plus brutal encore subconscient de Ted, à l’état
constamment ensoleillé de Californie. J’apprends que Lowell
n’est pourtant pas encore en vacances. La vie d’un acteur d’une
dramatique télévisée ultra populaire ne se termine pas avec
un clap de fin et une accolade à ses partenaires. De nombreux
shows promotionnels suivent. Cet été, Lowell va aussi écrire,
en collaboration avec son ami, l’acteur Eddie Jemison, mais
avoue qu’il est difficile de se concentrer sur quelque chose
d’autre juste après "Queer As Folk." Pour ce qui est du climat, je réalise un peu tard que Toronto
est en fait au nord de l’Illinois, ce qui m’aide soudain à endurer
le froid de Chicago. Tout autant que j’apprécie mon état
de non dépendance à la drogue. Tenez bon, Scott et Ted. Maintenant,
ça ne pourra qu’aller mieux.
Randy Harrison: "Ne l’appelez pas Justin"
par Ann Finstad
En tant que Justin Taylor dans "Queer as Folk,"
Randy Harrison a fait un bout de chemin depuis plus de trois
saisons. Le naïf qui répondait, lorsqu’on lui demandait s’il
aimait la drogue Spécial K : “Je préfère les Frosties” est devenu
Roi du Babylon, a survécu à une violente agression homophobe,
a connu le succès grâce à une bande dessinée, et, plus récemment,
s’est impliqué dans une milice anti-homophobe. Par-dessus le
marché, il réussi à faire fondre le coeur de pierre de Brian
Kinney. Mais ne confondez pas Harrison avec le personnage qu’il interprète
à la télévision. Dès qu’on le branche sur le sujet, il fait
rapidement remarquer que s’il ressemble physiquement à Justin,
la similitude s’arrête là. “Je pense que lorsque j’étais plus
jeune, le personnage avait beaucoup plus de points communs avec
ce que j’étais à son âge. Mais nous avons vieilli différemment.
Plus que jamais, j’ai du mal à m’identifier à lui maintenant.
Je veux dire que le fossé s’est creusé entre nous.”
"J’aime qu’il soit différent de moi maintenant. Je trouve
intéressant d’avoir à incarner quelqu’un avec qui je n’aurais
probablement pas d’affinités si je le rencontrais dans la vie
réelle, avec qui je n’aurais pas envie de discuter", dit-il
en baissant la voix, avec un petit rire. Ce sont des paroles dures envers un personnage qui a valu
à Harrison une si grande notoriété et tant de louanges depuis
que "Queer as Folk" est diffusé. Je le questionne,
en qualité d’acteur officiellement gay de la série considérée
comme précurseur de l’actuel courant télévisuel regorgeant de
programmes traitant de l’homosexualité, sur ce qu’il ressent
après avoir participé à cette aventure depuis presque quatre
ans. "Je suis content que la première chose importante que
j’ai faite, sur le plan professionnel, ait été une production
au contenu social pertinent… et c’est dans cet esprit que j’ai
commencé à tourner 'Queer as Folk.' J’étais conscient que nous
repoussions les frontières, et que nous ouvrions de nombreuses
brèches. Et c’était agréable de savoir ça."
"Mais nous l’avons fait," dit Harrison. "Et
nous l’avons fait pendant quatre ans. J’ai l’impression que
les choses se sont un peu émoussées. Bien que les gens pensent
qu’il y a un progrès, cela ne semble pas être une réalité."
"Plus clairement, je pense que l’effet le plus important
de la série a été de déclencher un débat sur les droits des
gays, et sur l’homosexualité", dit Harrison. "Je pense
que cela a aidé des adolescents à faire leur coming out, et
facilité un peu les choses pour les gays qui ont à se débattre
dans des situations identitaires douloureuses."
"Mais en ce qui concerne ce qui a été fait pour la communauté
gay, vous voyez, pour ceux qui vivent leur vie au grand jour,
et défendent leurs droits" dit Harrison. "Je ne suis
par sûr que la série ait vraiment fait progresser les choses.
J’ai même l’impression qu’il y a déjà comme un léger effet indésirable.
Je pense que la série a montré des cas très particuliers, que
les gens ont pris comme une vérité universelle. Ceux-ci s’attendent
maintenant à ce que les gays soient exactement comme dans la
série, alors que ces exemples réducteurs ne sont pas totalement
représentatifs de la communauté." Mais en dépit du phénomène de mode médiatique un peu superficiel,
Harrison admet que cela a eu des résultats assez positifs, même
s’il y a des lacunes dans certains domaines.
"J’ai du mal à juger, parce que je suis plus intéressé
par les changements de lois actuels, et la vraie perception
qu’ont les Américains vis-à-vis de l’évolution des mentalités,
et je ne vois rien arriver de tel. Je veux dire que nous sommes
encore en train de ramer. Mais je préférerais que les droits
civils dans leur globalité n’aient rien à voir avec un plateau
de télévision." Lorsque nous en arrivons à parler des scènes torrides de
sexe et de nudité que "Queer as Folk" distille chaque
semaine, Harrison prend un air las, comme s’il était fatigué
de répondre à la question. Je ne peux pas lui en vouloir - mais
nous vivons dans un monde où le sexe nous obsède et, comme il
le signale tout de suite, il sait qu’il n’est pas possible d’éviter
le sujet. "C’est drôle, parce que tout le monde veut en parler
[des scènes]. Les gens sont accros au sexe, pour une raison
curieuse, et ont une sorte d’obsession pour la nudité. C’est
drôle, parce que lorsque vous êtes spectateur, le seul fait
de voir deux personnes apparemment nues - même si elles ne le
sont pas en réalité – très proches l’une de l’autre, provoque
une idée d’intimité profonde, qui souvent n’existe pas. C’est
entièrement technique. Mais les gens projettent sur l’écran
leurs propres fantasmes. Vous savez, vous ne pouvez pas voir
deux personnes nues ensemble, tout près, sans en déduire qu’elles
sont intimes." Et que pense-t-il de l’engouement qu’ont les gens, surtout
des femmes hétérosexuelles, pour la liaison entre Brian et Justin
? "Je trouve cela assez amusant. Mais assez bizarre. N’étant
pas un téléspectateur assidu, je m‘étonne quand les gens s’enflamment
pour des relations existant entre des personnages de fiction
à la télévision." Faisant partie de ces gens (et ayant en tête le souvenir
de mon dernier “petit ami télévisé“), je ris nerveusement pendant
qu’il continue : “C’est mignon et c’est sympa, quelle qu’en
soit la raison, de constater que le scénario et notre travail
fassent tant d’effet.“ Pendant les six mois de l’année où il ne tourne pas "Queer
as Folk," Harrison partage son temps entre les auditions,
le théâtre, les réunions familiales et amicales, et suit aussi
des cours à temps partiel à l’Université de Columbia. Quand
on lui demande ce qu’il étudie, il dit qu’il s’intéresse surtout
à la littérature anglaise et à d’autres sujets artistiques –
mais qu’il ne prend pas de cours d’art dramatique."
A mesure que notre conversation avance, j’ai l’impression
que Harrison s’apprête à entamer une nouvelle phase de sa vie,
dans laquelle il ne sera plus question du nombre de fois où
l’on a vu ses fesses à la télévision, ni de savoir si Justin
et Brian vont enfin s’engager. Il semble que Harrison s’enthousiasme vraiment pour ce qu’il
fait en dehors de "Queer as Folk." Il ne cache pas qu’il est las de se déguiser pour participer
aux tournées promotionnelles de la série, et préfère travaille
pour le théâtre que pour la télévision. Il parle plus volontiers
de ses propres centres d’intérêt que des aventures qui arrivent
à Justin Taylor, au point même de dire “Ca me fait bizarre d’avoir
à parler de Justin, parce que ce n’est pas une personne réelle."
Comme preuve de son “non-Justin-isme“, Harrison avoue que,
contrairement à son personnage, il ne sait pas dessiner, mais
sa créativité s’exprime dans d’autres domaines. "J’écris.
Mais rien de ce que j’ai écrit ne m’a encore jamais assez satisfait
pour le montrer à quelqu’un. Je n’ai jamais réussi à trouver
suffisamment de ténacité et de concentration pour écrire un
roman. Je crois que j’ai écrit un mini-roman de 120 pages quand
j’avais quelque chose comme 15 ans. Cela a été la plus longue
des choses que j’aie écrites, et ça n’était pas formidable.
J’écris des petites pièces et des court-métrages que je tourne
à l’aide de ma caméra numérique, avec des amis."
Et quand il envisage l’avenir, lorsque Justin ne sera plus
qu’un petit point à l’horizon dans son rétroviseur ?
“Je vais continuer à jouer, vous savez. Je tiens absolument
à continuer à faire du théâtre. J’aimerais réaliser des films.
Pour le moment, je fais des court-métrages avec mes amis, mais
après cinq ans d’expérience, cela pourrait devenir de plus grands
films. J’aimerais créer une compagnie théâtrale [avec un groupe
d’amis]… Je veux continuer à jouer. Je ne sais pas exactement
quelles sont les opportunités qui se présenteront, je sais que
je me dirige vers des créations personnelles, qui vont certainement
se développer et être de plus en plus intéressantes. Et peut-être
un jour, cela me rapportera même de l’argent."
Il rit, probablement conscient que cela puisse sembler bizarre,
et se justifie en disant qu’il préférerait gagner de l’argent
avec ses propres œuvres plutôt qu’en interprétant des personnages
créés par d’autres. Alors que la 5è saison de "Queer as Folk" vient
d’être annoncée, Justin Taylor n’est pas encore sorti de l’esprit
de Randy Harrison. Mais Harrison est tout de même excité par
les nombreuses perspectives que l’avenir lui réserve.
Randy Harrison: un des “folks” dans la réalité
par Lukas Szymanek
"On dit de lui qu’il est gay dans la vie réelle."
Je cite un extrait d’une biographie de la star de "Queer
as Folk" Randy Harrison figurant sur un site Internet.
C’est le premier paragraphe : une simple phrase. Dans la suivante,
on apprend son année de naissance et quelle est son expérience
professionnelle d‘acteur. Il s’agit d’un paragraphe relativement long, en fait le dernier.
En marge, il y a une photo de Harrison portant un t-shirt moulant
et transparent, avec un halo d’étincelles autour de sa tête.
Une idole pour la communauté gay est née, quelqu’un qui est
aussi gay dans la vie réelle. Comme son personnage de Justin
sur les écrans de télévision. L’un va si bien avec l’autre.
Malgré mon envie, je n’ai pas demandé à Harrison de
parler de son homosexualité. J’ai frôlé le sujet de près quand
j’ai dépeint le Brian de Gale Harold comme un “beau mec”, en
discutant de ses relations mouvementées avec Justin. Il fallait
que je place l’homosexualité hors du territoire personnel.
Je vois bien ce qui plaît : des mèches blondes lumineuses,
un visage aux courbes éternellement enfantines (ces lèvres !
ces pommettes !), un corps mince, finement musclé, et pas un
poil sur sa peau délicate. Mais même la piètre biographie d’Internet
m’apprend que Harrison est bien plus qu’un look métrosexuel.
Et mes copains gays n’hésiteraient pas à devenir mes esclaves
à vie pour obtenir son numéro de téléphone.
Mais j’ai lu plus avant, ne voulant pas être un gay qui s’arrête
au premier paragraphe. Je préfère de beaucoup la description "vétéran des planches."
Vous n’avez pas dû perdre votre temps à écumer les bars à la
recherche de garçon dénudés, si l’on vous qualifie ainsi à l’âge
de 26 ans. En fait, Harrison joue depuis ses plus tendres années.
Il a obtenu un BFA de théâtre au Collège-Conservatoire de Musique
de Cincinnati. Il a fait partie de plusieurs productions, du
“Songe d’une nuit d’été” de Shakespeare à “Shopping et Baise”.
La télévision ne représente peut-être pas une progression évidente
dans une carrière d’acteur sur le plan de l’ambition créative,
mais c’est certainement une offre que l’on ne peut refuser.
"Les comédiens de théâtre savent qu’on ne gagne pas
d’argent en jouant sur scène" admet Harrison, "J’étais
enthousiaste à l’idée de faire de la télévision. Je suis financièrement
plus à l’aise maintenant." Il essaie de continuer à faire de la scène, mais estime que
sa carrière théâtrale “est constamment interrompue, lorsque
vous devez aller à Toronto [pour le tournage de "Queer
as Folk"]. Ce n’est pas qu’il soit ingrat, ni qu’il éprouve de l’amertume
vis-à-vis de son travail à la télévision. “Il est plus que satisfaisant,
mais il est aussi épuisant," dit Harrison. "Et j’aime
le groupe de gens avec qui je travaille.”
Peut-être, mais la télévision est aussi une auberge espagnole,
n’est-ce pas ? Après tout, Justin Taylor n’est pas le typique
minet possesseur de faux papiers obsédé par les hommes. C’est
un brave et un battant. C’est un artiste.
Pendant la première saison de "Queer As Folk",
nous l’avons vu conquérir le cœur du dieu du sexe Brian
Kinney, et afficher beaucoup de courage et d’assurance. Harrison
a non seulement donné à son personnage une apparence irrésistiblement
innocente, mais aussi un grand charisme et une sensibilité qui
transcendent ses actes. Au cours des trois saisons, Justin a subi une agression homophobe
lors du bal de fin d’année, affronté sa mère au sujet de sa
sexualité, lutté pour continuer ses études, élargi ses talents
de dessinateur et de créateur, et s’est battu pour préserver
la tumultueuse liaison avec son aîné émotionnellement bloqué,
Brian, avec une grande naïveté et une constance plus grande
encore. Oserais-je qualifier Justin d’adolescent modèle ?
"Il y a beaucoup à apprendre de Justin," dit Harrison,
"Il y a quelque chose de vraiment puissant dans sa manière
de vivre son coming out." Cependant, Harrison ne peut pas s’empêcher de reprocher à
Justin de perdre de vue ses objectifs, et de rester à la traîne.
“Il a 22 ans, et se trouve toujours englué dans le milieu des
night-clubbers. Il a abandonné ses études et ne construit pas
de carrière." Harrison me confie que cette saison sera beaucoup plus dramatique
concernant Justin, qui s’engage pour venger un de ses amis,
victime d’une agression homophobe, qui n’ose pas porter plainte.
Harrison dit que Justin va faire partie d’une milice. "C’est
une intrigue un peu improbable, mais assez radicale, à laquelle
beaucoup de gens peuvent s’identifier." Sur le plan de son histoire d’amour avec Brian, Harrison
reste sceptique. Il a toujours été assez évident que Brian,
dans cette relation, avait plus besoin de Justin que Justin
n’avait besoin de lui. Même si Brian a financé les études de
Justin pendant un moment, la balle a toujours été dans le camp
de Justin, sur le plan émotionnel. "Je pense qu’ils n’ont rien à faire ensemble. Pour commencer,
il y a la différence d’âge," dit Harrison. "Tout ce
que Justin et Brian ont créé paraît maintenant un peu puéril,
et Justin est en train de le comprendre.” C’est un coup dur pour les fans, dont la plupart voient Justin
et Brian comme une version gay de Roméo et Juliette.
"Ils ont été le couple central au début," dit Harrison.
"Mais maintenant, l’intérêt s’est reporté sur Michael et
sa liaison avec Ben." La comparaison avec "Friends"
n’est donc peut-être pas tout à fait hors de propos. Cette saison,
le couple est pourtant encore ensemble. En ce qui concerne Harrison, il vient juste de boucler une
tournée de promo pour la sortie du DVD en février, il a aussi
participé à des soirées de lancement de la nouvelle saison à
Miami et à New York. Il en a maintenant terminé avec sa part
d’obligations promotionnelles, et est heureux de se reposer
chez lui, à New York. "Il y fait beau en ce moment. Je commence à décompresser,"
dit-il, "Je suis prêt à bondir vers ma nouvelle vie.”
Faire des choses avec Gale Harold régulièrement est-il vraiment
si épuisant ? Je me mords la langue pour ne pas poser la question.
Gill apporte une touche féminine à “Queer as Folk” par Ann Finstad
Quelquefois, au milieu des superbes corps musclés qui hantent
la piste de danse du Babylon, des réflexions spirituelles
de Ted et Emmett, des adorables sourires de Michael et de Justin,
et des regards de braise de Brian Kinney, il est facile d’oublier
qu’il y a aussi des lesbiennes dans "Queer as Folk".
L’histoire de Lindsay Peterson et de sa partenaire Melanie
Marcus est souvent reléguée au second plan de "Queer as
Folk", au profit de plus de pectoraux et de fesses, pourtant
elles en sont une part importante. A vrai dire, j’ai été étonnée
que Showtime ne prenne pas comme base de départ l’histoire de
Melanie et de Lindsay pour sa nouvelle série "The L Word".
Thea Gill s’exprime d’une voix douce et compréhensible, comme
celle de Lindsay, le personnage qu‘elle incarne. Le rhume dont
elle vient juste de sortir ne semble pas la gêner quand elle
évoque le bonheur de se retrouver chez elle enfin, avec ses
six chats, se détendant après la tornade promotionnelle qui
a accompagné le lancement de la quatrième saison de "Queer
As Folk." Plus que tout, elle est sincèrement heureuse
de faire partie de quelque chose qui a un tel retentissement
sur les gens, et parle de son personnage avec un mélange d’admiration
et de tendresse. Gill, Canadienne de naissance, a su très tôt qu’elle voulait
devenir actrice. Elle admet pourtant que, si elle ne l’était
pas devenue, elle aurait été assistante sociale ou psychothérapeute.
Les fans de Gill dans le rôle de Lindsay devraient être reconnaissants
envers le rôle qui a déterminé son avenir au cours élémentaire.
“En 5è, on m’a proposé de jouer Scrooge, dans la pièce “Un conte
de Noël”. Je ne sais au juste pourquoi, mais cela m’a vraiment
excitée, et lorsque j’ai joué devant mes camarades de classe,
j’ai compris que c’était ce que je voulais faire. Je voulais
devenir actrice.“ Elle rit et continue : “et j’ai poursuivi
mon rêve depuis." Son rêve l’a menée du rôle d’avare à celui de mère. En réalité,
les épisodes préférés de Gill sont les six premiers de la série,
quand le groupe est présenté : Lindsay, la nouvelle mère de
Gus, le fils de Brian ; et sa partenaire Melanie, intransigeante
avocate. "Une si grande part du personnage vient de ces
quelques premièrs épisodes, par exemple le fait qu’elle ait
son premier enfant. Son meilleur ami devient père pour la première
fois. Pour la première fois, elle fait partie d’une famille
gay, en même temps qu’elle crée sa propre famille, en affichant
son statut de lesbienne." Gill, hétérosexuelle, est mariée au producteur Brian Richmond,
mais elle est bien connue pour avoir soutenu de nombreuses causes
gay. En fait, son rôle l’a sensibilisée plus encore aux difficultés
rencontrées par la communauté gay. "Certaines expériences
m’ont particulièrement choquée, parce que je joue une lesbienne
à la télévision. Donc, j’ai pris ces exemples et je les
ai multiplié par 100, 200, 300.000. Je ne peux imaginer
la douleur que cela représente, de se trouver du mauvais côté
de ces attaques pleines de haine. Je me suis fait beaucoup d’amis
sur le tournage de la série, dont de nombreuses lesbiennes.
Je leur suis très attachée.” Et lorsque nous abordons la critique qui a été faite contre
son rôle, elle dit : "Je pense que j’étais l’actrice idéale
pour incarner le personnage, que je sois hétéro ou homo. Je
pense que cela n’a aucune importance." Gill hésite tout d’abord lorsque je lui demande dans quelle
mesure le fait de jouer Lindsay a affecté sa vie, mais quand
elle parle, il est assez évident que cela l’a affectée, et de
plusieurs façons importantes. "Je suis devenue plus à l’aise
avec mon corps, et j’ai mesuré le pouvoir sexuel que je pouvais
exercer, j’ai pris de l’assurance, physiquement."
Gill, qui est aussi chanteuse, fait également du théâtre.
Elle essaie de jouer au moins une pièce entre les tournages
de "Queer as Folk". Au moment où elle parle, la suite de "Queer as Folk"
est encore en suspens. (Il a été annoncé entre temps qu’il y
aurait une cinquième saison.) Mais en dehors de la série, Gill
a des idées arrêtées sur la suite de sa carrière. "Je veux
créer une comédie musicale avec mon beau-fils et mon mari…Je
ne sais pas exactement ce que sera le film, mais nous voulons
réadapter une pièce ancienne. Et sur le plan de la télévision
et du cinéma, je suis ouverte à toutes propositions, du moment
que je les trouve intéressantes."
"Bien sûr, j’aimerais trouver un beau rôle dans un film,
indépendant ou non”, ajoute Gill. “Je pense que ma vie dirigera
toujours ma carrière. Je ne pense pas que ma carrière dirigera
un jour ma vie." Gill est reconnaissante envers la popularité et les opportunités
que lui a apporté "Queer as Folk". "Je
me sens célèbre, parfois !" dit-elle en riant. Elle fait
l’effort de prendre le temps de répondre à toutes les lettres
que lui envoient ses fans, et qui la touchent parfois
à un très haut degré. "Un garçon m’a écrit de la part de son ami, pensant
qu’il était prêt à se suicider, pour me demander conseil. Je
me suis sentie dans une telle position de pouvoir, et je pensais
“Je n’en sais rien, je ne sais pas quoi faire dans pareille
situation. Ce n’est pas à moi de donner mon avis.“ Mais en même
temps, le garçon avait envie de savoir ce que j’en pensais.
Donc, j’ai essayé d‘être le plus honnête possible, et je lui
ai recommandé de consulter un médecin... C’était tout ce que
je pouvais faire... Mais vous savez, des lettres de ce genre...
sont émouvantes, tristes, bouleversantes. C’est extraordinaire,
de savoir que ces gens trouvent normal de m’écrire pour me raconter
leur vie, aussi je les traite avec un grand respect."
Le personnage d’Allan, Hunter, revient pour une autre saison par Ann Finstad
Si le nom de Harris Allan ne vous est pas familier, il le
sera bientôt, si l’acteur/musicien de 19 ans continue sur sa
lancée. Le nouveau gamin de la distribution de "Queer as Folk",
Allan, a fait son apparition au milieu de la saison 3, dans
le rôle de Hunter, un prostitué de 16 ans pris en charge par
Michael et Ben, lorsqu’ils ont appris sa séropositivité. Au
début de cette saison, il fait partie de la vie quotidienne
de Michael et Ben, qui ont obtenu sa garde après un procès d’adoption
contre la mère de Hunter, ex-droguée qui a poussé son fils à
se prostituer. Ne vous laissez pas duper par la nature sombre du passé de
Hunter. Il n’est pas l’adolescent rêveur des programmes Warner
Bros. Il est tour à tour violent et tendre, et souvent sarcastique.
Allan dit que Hunter est toujours amusant à jouer. « Tous les
jours, toutes les semaines, on nous donne un scénario, et je
découvre les nouvelles choses, et je me dis ‘Je vais avoir à
dire ceci, je vais avoir à faire cela ! C’est formidable !’
Man, il peut aller dans n’importe quelle direction ! Comme c’est
un ado, il peut faire tout ce qu’il veut. Ils peuvent en faire
ce qu’ils veulent. Les ados sont toujours en mutation, ils sont
plus malléables que les adultes. C’est ce qui est vraiment marrant."
Le personnage sera de retour pour la cinquième saison, comme
nous venons juste de l’apprendre. Cela surprend Allan.
"Ils ont dit qu’il y aurait une cinquième saison ?"
demande-t-il, incrédule. Quand je lui assure que je l’ai vu
sur le site officiel de Showtime, il plaisante, "Je suis
heureux de l’apprendre." Il promet : "Si je
suis de retour dans la saison 5, alors, vous pouvez compter
sur moi." Arriver en troisième saison d’une série acclamée par la critique
? Pas mal pour un gosse de Vancouver qui a commencé à jouer
à l’âge de 11 ans, inspiré par les films de ... Macaulay Culkin
! "A 9 ans, j’ai demandé à ma mère si je pouvais commencer
à jouer, parce que j’avais vu "Maman, j’ai raté l‘avion"
et "Maman, j’ai raté l’avion 2" et ils m’ont passionné.
Elle a dit que c’était à condition que j’obtienne mes diplômes.
Je lui ai donc reposé la question quelques années plus tard,
en septième année, quand j’avais terminé mes études, etc., et
elle a dit d’accord. Et nous avons tout fait dans les règles.
Nous avons trouvé un agent, j’ai passé des auditions, j’ai obtenu
des rôles. Tout s’est enchaîné, à partir de là."
Il avait 15 ans lorsqu’il a joué son premier grand rôle,
dans trois épisodes de « Cold Squad", une série télévisée
de Vancouver. D’autres petits rôles ont suivi, mais rien d’aussi
important que celui de "Queer as Folk," une série
dont il n’avait jamais entendu parlé avant de lire le script.
"En fait, je n’avais pas vu la version américaine. Je
ne savais même pas qu’il y avait une version américaine. J’avais
vu la bande annonce de la version anglaise sur Showcase (la
première chaîne câblée canadienne à avoir diffusé "Queer
as Folk"), et c’est tout." Il est peut-être le petit nouveau de la bande, mais il a
très vite sympathisé avec l’équipe, particulièrement avec Hal
Sparks et Robert Gant, qui jouent ses protecteurs. Il va faire
du snowboard avec Hal, quand ils tournent à Toronto.
"Hal et Robert sont super, on fait vraiment du bon boulot
ensemble. La plupart des scènes que j’ai à tourner sont avec
eux, donc quand nous sommes hors caméra, nous rigolons et nous
discutons. J’essaie de comprendre tout ce qu’ils disent. Ca
m’oblige à lire des livres, vous savez, genre intellectuels,
que je ne lirais pas autrement, comme "The Da Vinci Code"
et "Fast Food Nation." On sort ensemble, on va au
cinéma et tout ça, on va faire de la gym ensemble."
Allan continue à encenser ses partenaires, les qualifiant
plusieurs fois de "drôles" et "cool," même
s’il a quelquefois du mal à suivre toutes leurs conversations.
« Beaucoup sont Américains, je dois donc m’informer sur la politique
américaine, et c’est vraiment dur pour moi."
Malgré l’enthousiasme qu’il montre pour décrire son rôle
de Hunter comme « amusant », il doit être difficile d’incarner
quelqu’un qui traverse d’aussi dures épreuves, n’est-ce pas
? "Je dois le garder à l’esprit qu’il est séropositif,
qu’il a été abandonné de nombreuses fois, qu’il n’a plus confiance
en personne, et le mettre constamment dans mon personnage» dit
Allan. "C’est toujours sous-jacent, que ce soit au cours
d’une scène légère ou d’une scène grave. Il est aussi très amusant,
parce que... - hum, je pense que « amusant » n’est pas
le mot juste. il est plutôt provocant dans un style comique.
Il a un aspect dur, grossier, il prend tout à la dérision. Mais
je pense qu’il a aussi à cacher la souffrance qui est au fond
de lui. C’est un gosse blessé, et il a beaucoup à apprendre.
C’est un observateur. Il écoute ce que disent les autres, puis
il dit ce qu’il pense à sa façon. » Contrairement au personnage qu’il joue, Allan a une famille
qui le soutient, et qui est aussi grande fan de «Queer as Folk."
"Ils le regardent tous les soirs », dit Allan.
Les amis d’Allan poussent même des cris lorsque Hunter...
et Allan apparaissent à l’écran. "Quand je regarde la série avec mes amis, ils disent
des choses du genre ‘Non, Harris, ne va pas avec lui,
Harris!’ Je dis : ‘C’est pas moi, c’est Hunter !’"
En plus de sa famille, il reçoit des encouragements de la
part de ses fans pour le rôle qu’il joue, et reste en contact
avec son fan club par le biais de son site Internet, www.harrishideaway.com.
"Je réponds par lettre ou par email à tous ceux qui m’écrivent
» dit Allan. « J’adore les fans. J’adore les rencontrer et leur
parler, pour savoir ce qu’ils pensent de la série."
Le rôle d’Allan dans "Queer as Folk" lui a aussi
apporté d’autres propositions. Pendant le break entre le tournage
des saisons 3 et 4, Allan a tourné dans le film "Paycheck,"
(rôle coupé au montage), a été un homme-poisson « monstre de
la semaine » de « Smallville », et a joué Jonathan Glover jeune
dans le film "A Home at the End of the World", qui
va sortir prochainement. Ses vacances ont donc été très occupées.
"J’ai terminé le tournage de "Queer as Folk"
à 7 heures du matin, je suis rentré à la maison,
j’ai dormi jusqu’à 11 heures et demie, et je suis allé immédiatement
aux répétitions de "A Home at the End of the World."
Je n’ai donc eu que quatre heures de battement entre les deux."
Heureusement, Allan aime être occupé, ce qui est de bonne
augure pour sa myriade de projets. Quand on lui demande comment
il se voit dans cinq ans, dix ans, il énumère une liste qui
impressionnerait une jumelle Olsen. "Je jouerai des rôles principaux dans des grands films.
Je ferai des tournées et j’enregistrerai des disques avec mon
groupe, nous donnerons des méga concerts dans des stades pleins
à craquer. Je veux avoir un restaurant où l’on passe des
films, et j‘y donnerai des concerts. Je veux avoir une immense
maison. Dix ans - j’aurai 29 ans dans dix ans » , dit-il, et
comme tous les adolescents, il est un peu effrayé à cette idée
« J’aurais peut-être des gosses d’ici là. Par exemple, sept
gosses et une ferme. » Sept gosses ? Je m’écrie, le mettant en garde de ne pas dévoiler
tout de suite ses plans à sa petite amie (ouaip, il est hétéro,
et il a une copine). Il modère un peu son discours avant de
continuer sa longue liste de buts. "Je pense que trois
serait le nombre d’enfants idéal. J’aimerais créer ma ligne
de vêtements. Parce que je pourrais faire mes propres fringues
et tout le reste, et porter exactement ce que je veux. Parce
que quand vous faites des courses, vous trouvez des choses qui
vous vont, mais jamais exactement comme vous le voulez. Je voudrais
aussi réaliser des films. J’aimerais commander le bateau. Et
j’écris des scénarios." "J’ai énormément d’envies," admet-il, en essayant
quand même de paraître humble. Les projets actuels d’Allan sont de jouer le plus possible
de rôles au cinéma avant le tournage de la cinquième saison
de "Queer as Folk", et de faire connaître Square
Nine – le groupe dont il fait partie avec ses deux meilleurs
amis - au grand public. "Je donne des concerts avec eux, et on enregistre, on
écrit plein de chansons, on répète. On prépare une démo. Je
suis très excité, » dit-il avec enthousiasme. Allan joue de
la guitare, de la basse, et il chante. Bien entendu, il compte
aussi apprendre la batterie et le piano. Il définit le son de son groupe comme du rock, avec des influences
alternative et punk. "Nous allons faire un album un jour,
probablement après l‘été, ou pendant l’été, donc guettez-le.
» Quels que soient les résultats, Harris Allan a l’air de bien
s’amuser, et sera sans doute quelqu’un avec qui il faudra compter
à l’avenir.
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