 Il
est en colère après le président. Il en a assez d’être mal compris.
Et il est prêt à se distinguer dans une nouvelle saison avec
Robert Gant. La star de Queer as Folk, Hal Sparks, se déchaîne
dans une interview rentre-dedans. La timidité de Michael
Novotny, l’un des protagonistes de la série Queer as Folk, est
si convaincante qu’on en oublierait qu’il est fictif –jusqu’à
ce qu’on rencontre l’homme qui le joue. Quand je salue Hal Sparks,
il est en train de brandir une épée chinoise. C’est la sienne,
pas une fausse achetée dans un magasin d’accessoires. Pour sa
séance photo de The Advocate, la star de 34 ans vient de fendre
l’air avec son arme dans une éblouissante succession de figures
de kung-fu, discipline qu’il pratique depuis l’âge de 8 ans.
C’était avant qu’il ne pose nu avec un drapeau arc-en-ciel. Ce
comportement serait bien trop téméraire pour Michael. Bien sûr,
ce propriétaire de magasin de Comics à Pittsburgh timoré est
le secret du succès controversé de QaF. Cet homme banal a été
le pivot de l’histoire pendant trois saisons, et continue dans
la quatrième saison actuellement en tournage à Toronto. En
plein milieu d’une campagne présidentielle qui lynche le mariage
gay, le message « eux et nous » que passe QaF n’a jamais été
plus pertinent. Pour toutes ses vertus, Michael ne pourrait
jamais jouer Hal. L’acteur-comique-musicien, qui a été élevé
dans le Kentucky avant d’emménager à Chicago, est charismatique,
déterminé, irrévérencieux, sexy et incroyablement intelligent.
Il est aussi hétéro, et dès les premières apparitions des acteurs
de QaF dans la presse, il s’est immédiatement retrouvé sur la
sellette. Quand on lui a demandé l’effet que cela faisait d’embrasser
un homme, Sparks a comparé cela au fait d’embrasser un chien.
Le scandale s’ensuivit. Ce commentaire a été perçu par les gays
comme une preuve que l’animateur de la provocante émission Talk
Soup n’était peut-être pas digne d’avoir un rôle dans une série
télé plus qu’audacieuse sur la vie gay. Mais Sparks a
été patient et a payé sa dette. Pendant un moment, après le
début de QaF, les émissions et jeux où Sparks était invité pour
y exercer son sens de la répartie ont cessé de l’appeler. Ils
ne voulaient pas que le mot « queer » soit mentionné. Il dit
que l’exclusion ne l’a jamais perturbé : « Je vis sans aucune
peur, je n’en ai vraiment rien à faire de ce que les gens pensent
de moi. » De plus, il est occupé : en semaine il tourne pendant
de longues heures sur le plateau de QaF et le week-end, il fait
des one-man-show. Il est actuellement en plein mixage du premier
CD de son groupe de heavy metal, le Hal Sparks Band, afin de
le mettre en vente au printemps sous son propre label. « J’ai
décidé il y a longtemps que je serais le président de ma propre
boîte », nous dit Sparks à propos de son emploi du temps surchargé.
« Je suis un acteur débutant. J’en suis à une phase intermédiaire
dans la construction de ma carrière. » Maintenant que la
saison 3 est disponible en DVD et que la saison 4 va être diffusée
en avril, Sparks et The Advocate ont enfin trouvé une date de
rendez-vous. Autour d’une salade au thon dans un restaurant
de Venice (Californie), il me donne un aperçu de son esprit
vif. Dans la presse, Sparks peut avoir l’air très abrasif, mais
pas en personne. Il émane de lui une énergie bienveillante et
des intentions nobles : en tant qu’amuseur, cet homme est spirituel
à un point déconcertant. Mais son ton devient très incisif quand
il commence à parler des homophobes, de la Bible, d’Enron, de
sa future partenaire, de sodomie et du coma qui a révélé son
talent comique.
Commençons par la politique. Que pensez-vous
du soutien de Bush pour un amendement constitutionnel contre
le mariage gay ? Je pense que Bush est au christianisme
ce que les comptables d’Enron sont au capitalisme. Ils utilisent
la loi à leur avantage quand ils peuvent, et quand ils ne peuvent
pas, ils la transgressent. Bush utilise cela pour enflammer
le parti conservateur et les inciter à voter. Ca n’est qu’une
roublardise. Mais je pense que cela va se retourner contre lui.
De quelle façon ? Leur plus grand
argument est de dire « Nous protégeons le caractère sacré du
mariage, qui a toujours été entre un homme et une femme. » Ouais,
allez dire ça aux Mormons. De plus, si 50 % des mariages finissent
par un divorce alors que le mariage gay est interdit, ce n’est
visiblement pas le mariage gay le problème. Disons que certains
gays se sont forcés à se marier à des hétéros. Et maintenant,
ils divorcent car ils réalisent qui ils sont en réalité. On
pourrait baisser le nombre de divorces rien qu’en leur permettant
d’être ce qu’ils sont dès le départ. Vous voulez protéger l’aspect
sacré du mariage ? Autorisez les gays à épouser des gays.
Je sais que la série s’efforce de refléter
l’actualité. Michael et Ben vont-ils décider de se marier ? Je
ne serais pas surpris. En fait, je m’y attends, de bien des
façons.
Après trois saisons, QaF semble encore
déchaîner les passions. Pourquoi ? Il y a tant d’appréhensions
autour de cette série, du côté gay et du côté hétéro, que je
pense qu’il est de notre devoir de prendre du recul et de dire
« Pouvez-vous vous calmer et accepter les choses telles qu’elles
sont ? » Ceux qui sont contre doivent voir ce que la série apporte
et le désir qu’ont les acteurs et producteurs de faire quelque
chose de bien dans ce monde. Et ensuite donner le bénéfice du
doute à tous les gens impliqués.
Qu’est-ce qui a bien pu mener un comédien
hétéro, Hal Sparks, à une série appelée Queer as Folk ? La
principale raison pour laquelle j’ai accepté le rôle est que
personne d’autre n’en voulait. Cet automne-là, j’aurais pu obtenir
(et ce n’est pas de l’arrogance) un rôle dans une sitcom, et
j’aurais pu y être durant ces trois dernières années. Mais c’était
un contrat de sept ans, et à la fin, les gens auraient dit :
« Ok, mais sait-il jouer ? Va-t-il faire quelque chose d’important
au lieu de brasser du vent ? »
Comment avez-vous entendu parler de la
série ? Mon agent a dit que le script se baladait à droite
et à gauche depuis sept semaines environ. Je venais d’être viré
de Talk Soup, j’ai joué dans « Hé mec, elle est où ma caisse
?» deux semaines plus tard, et ils cherchaient encore et toujours
Michael. Ils ne trouvaient ni de Michael ni de Brian, ils avaient
trouvé un Ted et quelques Emmett. Apparemment, ils n’avaient
eu aucun problème à trouver des lesbiennes, donc les filles
ont du mérite d’avoir été choisies parmi un grand nombre de
prétendantes. Mais pour nous autres, c’était limité. Et j’étais
l’un des rares qui soit un peu connu qui ait accepté de le faire.
Le script du pilote était très touchant, très extraordinaire
sur le plan émotionnel. Mon agent, et c’est tout à son honneur,
m’a dit : « C’est important, ça vaut le coup. » Elle a dit quelque
chose de très intéressant, et je pense que c’est vrai : « Ou
bien cela va devenir un phénomène, ou bien cela va disparaître.
» Il n’y aurait pas de juste milieu avec QaF.
Comment s’est passée votre première rencontre
avec Dan Lipman et Ron Cowen, les créateurs et producteurs de
la version américaine ? Ils étaient là pendant les auditions.
Ils étaient adorables. Mais il faut se replacer dans le contexte
de l’époque. Je ne les connaissais ni d’Eve ni d’Adam. Si j’acceptais
de faire la série, ils auraient tout pouvoir sur ma carrière
pendant six ans, car c’était la durée de nos contrats. Financièrement
et humainement, c’était un gros risque à prendre.
Cela a dû être terrifiant. Qu’est ce qui
vous a convaincu de le faire ? J’ai eu une longue conversation
téléphonique avec Ron et Dan, et ils étaient super, et très
rassurants. Je pensais : « Nous allons signer un gentleman’s
agreement, sur le fait que la série et Michael, le personnage
que j’interprète, vont rester axés sur le côté émotionnel. Il
ne sera pas question de pipes ou de pénis mais de cœur. Parce
qu’à la minute où on s’oriente plus vers les pipes ou la bite,
c’est fini. C’est une perte de temps. C’est facile de vendre
du sexe, et personne n’a besoin de rendre cela intellectuel.
Que voulez-vous dire ? On ne peut
pas avoir de discussion intellectuelle avec un fanatique. Mais
si vous touchez son cœur, alors la cuirasse tombe. Nous recevons
des lettres de parents et d’enfants qui nous disent : « Je détestais
mon fils car il est gay, ma femme m’a fait regarder la série
et maintenant, je l’aime plus que je ne l’aimais avant de savoir
qu’il était gay, et je regrette ce temps perdu où j’aurais pu
être avec lui. » C’est pour cela qu’on fait cette série.
Quand nous nous sommes rencontrés lors
de la conférence de presse de l’Association des Critiques de
Télévision, je vous ai dit que vous aviez fait un commentaire
désobligeant sur le fait d’embrasser un homme, et vous m’avez
répondu : « Non, je n’ai pas fait ça. » J’ai dit quelque
chose qui a été interprété de façon négative, alors qu’en fait,
j’essayais d’être purement descriptif. Quelqu’un m’a demandé
l’effet que cela faisait d’embrasser un homme. Souvenez-vous
qu’à l’époque, je n’avais pas encore embrassé d’homme gay. J’avais
juste embrassé Gale Harold et un autre gars. Deux mecs hétéros.
Alors si vous pensez que je comparais le fait d’embrasser un
gay au fait d’embrasser un chien, vous avez déjà tout faux.
On reprend à partir de là.
Ok, continuez. Deuxièmement, j’essayais
de dire que… vous avez déjà vu ces gens qui ont un chien et
qui aiment ce chien ? Ils ont une telle affection pour ce chien
qu’ils l’embrassent sur la bouche. Et ils peuvent montrer à
quel point ils aiment cet animal, mais ils ne veulent pas pour
autant le baiser. C’est un peu ce qu’on ressent quand on joue
un gay qui embrasse un autre homme. Je peux montrer de l’affection,
de l’amour, du soutien, mais je ne veux pas les baiser.
Donc vos intentions étaient bonnes. C’est
important que les gens sachent cela car beaucoup d’entre eux
pensent qu’être gay est contagieux. Dans la plupart des interviews
que je donne pour la presse hétéro, ils n’arrêtent pas de me
poser toujours la même question : « Etes-vous hétéro, êtes-vous
homo ? » même s’ils savent que j’ai déjà répondu des centaines
de fois. La raison, d’un point de vue sociologique, est qu’ils
reflètent la plus grande peur que les Américains ont, à savoir
« Etes-vous gay maintenant ? L’avez-vous attrapé ? » La raison
pour laquelle je leur réponds encore est qu’il faut leur dire
« N’ayez pas peur. Ils sont ce qu’ils sont et vous êtes ce que
vous êtes. Tout va bien, c’est pas la grippe. »
Parlez-moi de votre rencontre avec Robert
Gant et du fait de travailler avec lui. Ils l’ont fait
venir à Toronto parce qu’ils l’aimaient beaucoup. Nous avons
lu une scène ensemble et c’était génial, il était très bon dedans,
vraiment. Je l’ai tout de suite apprécié. C’est un mec vraiment
cool et très excité par le projet.
Je me dois de vous demander de parler
des scènes de sexe. Travailler avec Bobby a fait de cette
relation la plus facile et la meilleure que j’ai eu à jouer
dans la série. Pas seulement parce qu’il est très bon acteur,
mais parce que nous sommes tous deux très respectueux des besoins
de l’autre pour une scène. Tourner une scène de sexe n’a rien
de sexuel, particulièrement quand vous voulez faire passer des
émotions, et si vous voulez que les gens ressentent la connexion
qui existe entre eux.
Et avec Bobby, vous embrassez un homme
gay. Oui, c’est plus facile de travailler avec Bobby,
et de loin, parce qu’un homme gay est beaucoup plus à l’aise
avec les vrais baisers et les vrais contacts. Beaucoup d’hétéros
ont le réflexe d’esquiver : si un mec se penche vers vous pour
vous embrasser, votre première réaction est de reculer du genre
« Hé mec, qu’est ce que tu fais ? ». Bobby aussi le remarque
toujours. Il va essayer de m’embrasser tout naturellement, et
si je ne m’y attends pas, alors je dois faire attention à ce
réflexe. Quelquefois d’ailleurs, cela a servi la scène, quand
Michael est en colère après Ben, donc nous l’avons gardé.
Que dites-vous aux gens qui sont choqués
de voir deux hommes s’embrasser ? Vous savez, les débiles,
quel que soit leur camp, peuvent aller se faire voir. J’ai pas
besoin de leur approbation pour vivre. Donc toutes les attaques,
les bons chrétiens qui menacent de vous jeter de l’acide à la
figure…
Attendez, les chrétiens ont vraiment menacé
de vous jeter de l’acide à la figure ? Ouais. Et vous
avez aussi les gays qui pensent que l’on ne montre que la promiscuité
des gays ou bien que nos personnages sont complètement drogués.
Mais regardez la série, bon sang. Mon personnage est dans une
relation amoureuse séropositif/séronégatif depuis deux ans.
Et pour ce qui est de l’immoralité des scènes de sexe, allez
vous faire voir. C’est très chiant.
C’est dur pour vous de jouer celui qui
est pénétré ? Le passif ? Non, pas nécessairement. Parfois
quand je joue Michael, je ne joue pas un homme gay mais plutôt
une femme. Je joue la partie féminine dans le couple. Je me
suis inspiré de ma mère et de ma tante Karen pour construire
certaines attitudes de Michael.
Pourtant, certains ont l’air de croire
que « jouer la femme » est plus dur. C’est juste de la
peur, c’est tout. Je pense que plus de gens ont peur de la sodomie,
du moins de se faire sodomiser, que de la mort. Quand les gens
parlent d’aller en prison, ils ne parlent jamais de s’y faire
tuer. [Anne rit] Vos chances d’être tué en prison sont plutôt
élevées. Mais ce n’est pas ce qui inquiète les gens, n’est-ce
pas ? Non, ils parlent toujours d’être violés par un mec balaise
dans les douches.
Je pense que les gens sont horrifiés à
l’idée de faire cela par le même chemin que celui qui nous sert
à déféquer. Ouais, mais on pisse bien avec l’autre. Je
vois pas où est le problème. La plupart des gens vivent juste
dans la crainte d’être découverts. C’est ce dont ces chrétiens
intégristes ont peur : la seule façon qu’ils ont de détourner
l’attention de leurs péchés, c’est en montrant les vôtres :
« Regardez, j’ai peut-être pensé à tromper ma femme, mais ce
mec est un pédé ! » C’est marrant que de toutes les choses que
Dieu est censé détester, c’est celle-là qui revient toujours
sur le tapis.
C’est pas génial ? C’est débile.
Je suis né dans la religion chrétienne, baptisé à 11 ans, j’ai
été au catéchisme et tout. Croyez-moi, il y a bien plus de passages
dans la Bible où il est question d’amour et de tolérance que
ces deux versets qu’ils nous jettent à la figure. La vérité,
c’est qu’ils sont en train de mourir et que ça leur fait peur.
L’idée fondamentaliste appartient à des fossiles qui voient
leur système dépérir. La grande montée de la droite religieuse
est comme le dernier souffle de Jason Voorhees quand il agonise
à la fin de Vendredi 13, vous pensez qu’il est mort, complètement,
et il a ce dernier spasme qui vous fait frémir. [Anne rit] Parce
qu’il ne lui reste plus rien.
Quelle est la première chose que vous
ayez voulu faire ? De la musique, du cinéma ou des Arts Martiaux
? Hmm. Je pratique les Arts Martiaux depuis que j’ai
8 ans. C’est juste pour que mon cœur batte correctement. Ce
n’est pas une réelle volonté, et je ne vais pas être grossier
et appeler ça un besoin. C’est juste une partie de moi, et ça
l’était probablement déjà avant ma naissance. C’est la même
chose pour le fait d’être drôle. Vous savez, j’ai failli mourir
quand j’avais 5 ans.
Comment ? Une overdose. Ma sœur
était sous traitement. Elle devait prendre un demi-comprimé
tous les trois jours. Ils avaient le goût de menthe alors j’en
ai avalé douze. J’ai été dans le coma. C’était un peu comme
les anciens Beatles contre les nouveaux Beatles : après le coma,
ma mère a dit : «tu es devenu drôle après ça.»
C’est stupéfiant. Parlez-moi d’une autre
expérience formatrice. Quand j’avais 13 ans, peut-être
12, je me suis regardé dans un miroir et j’ai dit : « ok, t’es
moche. Faut t’y faire. Mais tu veux quand même t’envoyer en
l’air, trouver la fille parfaite et tout. Comment vas-tu faire
? » Et j’ai pensé : « ok, je suis marrant, j’ai une personnalité
convenable, et je suis très tendre, honnête et sincère. »
Vous n’étiez pas réellement moche, n’est-ce
pas ? Je ressemblais à un Hispanique et vivais dans le
Kentucky. Certains pensent que je suis un juif New-yorkais ou
à moitié Italien. Je pense que je dois mon apparence aux origines
indiennes de ma famille. Mais dans cette zone du sud où il y
a beaucoup de rouquins avec des taches de rousseurs et des gens
blonds, j’étais forcément un peu à part. Mais une fois que je
me suis dit « je m’en fous, je veux juste être qui je suis réellement
au fond », en moins d’un an, mon visage a littéralement changé.
J’ai grandi de dix centimètres. Je crois que ce choix d’être
une projection de moi-même m’a transformé physiquement. Mais
aussi d’un point de vue métaphysique. Etre bien avec soi-même
permet de devenir une meilleure expression de ce que l’on est.
Donc vous vous êtes d’abord intéressé
aux Arts Martiaux. Et ensuite à l’humour. J’adorais l’idée
de pouvoir faire rire ma famille et mes amis, parce que vous
savez, ça aide les gens à se sentir mieux.
Saviez-vous que vous vouliez devenir comédien
? Je n’ai réalisé qu’on pouvait en vivre qu’en arrivant
à Chicago. A l’époque, je n’étais qu’un casse-bonbons avec de
la tchatche. Je suis allé au Lycée New Trier et là, une femme
nommée Suzanne Adams, que j’ai beaucoup aimée, était ma prof
de comédie. Elle a reconnu en moi un certain talent en dehors
de mon comique. Elle se concentrait vraiment sur l’aspect «
bon, tu sais déjà quel est ton talent inné, alors travaille
plutôt sur les aspects qui ne te semblent pas naturels. » Alors
j’ai fait True West et La Ménagerie de verre, des choses qui
me permettraient de développer d’autres talents.
Nous n’avons pas encore parlé de votre
entrée dans la musique. J’avais l’habitude de faire des
petits concerts sur la colline en face de chez moi quand j’avais
8 ans. Je sortais les enceintes de la chaîne hi-fi et je faisais
des concerts de Kiss. Mon père avait découpé une guitare en
V dans du contre-plaqué, avait mis un manche de banjo dessus
et il me l’avait donné. Et je dansais devant la maison. Ensuite,
au lycée, je suis devenu le chanteur d’un groupe qui faisait
des reprises de Kiss. J’étais épouvantable. Mais je me suis
amélioré avec le temps.
A quoi ressemble l’expérience de voir
le Hal Sparks Band en concert ? C’est du metal, c’est ça ? Certains
pensent que je vais faire l’ouverture avec des sketches, jusqu’à
ce qu’ils arrivent et voient le groupe, le vernis noir sur nos
ongles, nos yeux cernés d’eye-liner, et jusqu’à ce qu’ils entendent
les riffs. Ensuite, ils sont stupéfaits.
Vous semblez incroyablement motivé, voire
transporté. Quel est votre moteur ? Je pense de tout
mon cœur que l’Etre Humain a des capacités illimitées, dans
bien des domaines. Mais on nous a inculqué l’idée étriquée que
l’on doit choisir sa voie et s’y tenir. Rien n’est plus éloigné
de la vérité. Dans ma vie, si je fais quelque chose, je le ferai
jusqu’à avoir exploré toute l’étendue de mes capacités.
Etes-vous altruiste au point d’avoir fait
cela uniquement pour les gays, ou bien y a-t-il eu quelqu’un
dans votre vie qui vous a motivé ? C’est une combinaison.
Deux de mes amis que j’avais étant jeune sont gays et ils ont
fait leur coming out auprès de leurs amis, mais n’ont pas pu
le faire auprès de leurs familles. Je ne savais pas qu’ils étaient
gays jusqu’à ce que je quitte le Kentucky. Imaginez, avoir une
amitié si longue avec quelqu’un, et que pourtant cette personne
garde un tel secret. Vous aimeriez juste avoir pu dire : « Mec,
t’aurais pu me le dire, et ça n’aurait pas posé de problème.
» Quand j’ai travaillé avec Marianne Williamson, auteur et conférencière
très spirituelle…
Comment êtes-vous devenus amis ? J’ai
assisté à une de ses conférences pour la première fois en 92.
Je l’ai vue et je suis immédiatement tombé sous son charme,
parce qu’une femme qui arrive à placer « Dieu » et « putain
» dans la même phrase a forcément toute mon attention. A cette
époque, elle travaillait sur le Projet SIDA Los Angeles et sur
le Projet Nourriture des Anges. Marianne veillait tant de personnes
sur leur lit de mort. A ses conférences, nous étions confrontés
au SIDA tous les soirs, et chaque fois, ils faisaient venir
une personne différente en fauteuil roulant. Elle a vraiment
aidé à faciliter le « passage » pour beaucoup de gens.
Et vous avez commencé à prendre part à
ses conférences en montant sur scène aussi, n’est-ce pas ? Ouais,
je devais juste faire l’andouille et remonter le moral des gens.
J’étais Monsieur Sourire, autant que je le pouvais face à des
choses très difficiles.
Est-ce que vos messages de soutien pour
les gays ont déjà été mal interprétés ? Je suis vraiment
sur la corde raide quand je le fais. Lors d’une interview pour
Direct TV, on m’a demandé « Comment vos parents ont-ils réagi
au fait que vous soyez dans la série ? » et j’ai répondu « Eh
bien dans le sud, ils ont probablement plus de difficultés que
les parents d’acteurs vivant à New York ou L.A. Mais mes parents
font partie de ces gens qui vous aimeront même si vous êtes
gay. » Et les gens ont pris ce « même si » comme un «oh, les
gays sont mentalement attardés» ou un truc dans le genre.
Comme « mes parents me pardonneraient
d’être gay » ? Ouais. Ce que je voulais dire, c’était
« mes parents sont le genre de personnes qui n’en auraient rien
à faire. Ils vous aimeraient. Vous êtes leur fils, leur fille.
C’est comme ça qu’ils sont. » Et c’est tout à leur honneur.
Mais ça a été immédiatement détourné par certains comme quelque
chose de négatif. Vous avez ce groupe de gens qui ont été marginalisés
toute leur vie, et à la minute où vous dites quelque chose qui
pourrait être pris de deux façons, ils choisiront la pire des
deux pour prouver l’aspect « je me fais toujours baiser par
le système à cause de mon style de vie. »
Il est vrai que nous cherchons des indices
qui montrent qu’une personne n’aime pas les gays, pour pouvoir
déterminer si nous sommes en sécurité. Oui, absolument.
Mais quel homophobe qui se respecte pourrait travailler sur
QaF plus de deux jours ? Sérieusement. Nous avons eu des gens
comme ça, ils se sont désapés pendant deux épisodes. Ils pensent
qu’une série comme QaF va booster leur carrière, et tant qu’ils
n’ont pas grand-chose à faire, ils sont prêts à jouer les gays
à temps plein dans un film ou dans une mini-série, ou autre.
Mais faire une série comme celle-là, c’est un engagement de
plusieurs années. Aucun Mormon ne s’inscrirait à « l’université
gay ». Car c’est bien de cela qu’il s’agit, c’est quatre ans
de licence en homosexualité.
Pardonnez-moi mais il y a encore un point
sur lequel la série semble un peu démodée. On a encore le sentiment
que c’est « eux et nous ». Oh oui. Nous n’avons aucun
ami hétéro. Ca nous rend dingue, nous les acteurs.
Alors quel est le problème avec ça ? Il
faudrait le demander à Ron et Dan. Quand j’ai choisi de faire
cette série, j’ai décidé que je n’interférerais pas dans l’histoire.
Je l’ai fait une fois quand je voulais que Michael reste dans
le placard un peu plus longtemps car beaucoup de gens se sentaient
représentatifs de cette situation. Mais cela me surprend toujours
qu’on n’ait pas d’amis hétéros. Daphne est à peu près la seule
hétéro, avec les parents. C’est l’une des choses inconfortables
quand on est un acteur hétéro qui joue dans la série, quand
vous entendez Brian dire « Il n’y a que deux sortes d’hétéros
: ceux qui te détestent bien en face et ceux qui te détestent
dans ton dos. » alors on se dit « wow, wow, attend un peu là…
»
Exactement. Je ne comprends pas. Je
pense que la raison principale est le manque de temps, et le
fait de créer une relation avec un hétéro ne nous donne pas
forcément d’infos sur le monde gay. C’est une série dramatique.
C’est supposé être les moments les plus difficiles et les plus
rudes de leurs vies. Si vous commencez à montrer de la tolérance,
cela dévalorise le drame. Si vous êtes réaliste…
Alors ils voudraient tous quitter Pittsburgh
! Eh bien, ouais, je crois qu’ils devraient.
Y a-t-il quelqu’un de spécial dans votre
vie en ce moment ? J’ai rompu avec ma copine il y a environ
deux mois, principalement pour des problèmes de temps. Je vis
à L.A. la moitié de l’année, et à Toronto l’autre moitié. C’est
très difficile de conserver une relation amoureuse. Un jour,
je serai ce que j’appelle un acteur « rond de cuir », un mec
qui peut faire trois films dans l’année et quelques apparitions
télé. Mais si on veut en arriver là, il faut savoir sacrifier
quelque chose, et dans mon cas, c’est ma vie amoureuse. Mais
le travail que je fais maintenant, c’est construire une carrière
qui me suivra pour le reste de la vie. Quand le moment sera
venu, je pourrai mettre mes enfants à la fac et offrir un toit
à ma femme.
Quel est l’Art Martial que vous pratiquez
? En ce moment, j’étudie le Wu Shu, un art martial chinois
qui vient du Kung-Fu shaolin. Plus précisément, c’est du shaolin
dans un style nordique, avec des coups plus longs. C’est ce
que fait Jet Li, ces beaux mouvements, très amples. L’art que
j’étudie pour le combat est le Kung-Fu Sansu, c’est un art de
street fight. C’est très brutal.
Vous êtes sur le point de redevenir Michael.
Que va-t-il vivre cette saison, et quel challenge aura-t-il
à affronter ? Eh bien, Michael s’est enfui avec Hunter
à la fin de la dernière saison. Il va à l’encontre de la loi.
C’est un homme gay qui a emmené un mineur gay loin de sa mère
et de la police. Le danger de ruiner sa vie est si grand. Michael
est, et a toujours été de ceux qui mourraient pour vous. Mais
il l’a toujours fait pour rendre service, avec à l’esprit «
je vais faire ça pour quelqu’un d’autre ». Maintenant, il utilise
qui il est, ce qui est important pour lui, et sa propre force.
Michael est en train d’apprendre. Ouais.
Je veux que Michael soit un homme à la fin de la série, dans
tous les sens du terme. Je veux que le mec un peu ennuyeux et
penaud qu’il était dans le pilote s’épanouisse et devienne un
être humain, un homme gay à l’aise. Il ne se bat pas pour être
gay, il l’est, c’est tout.
Qu’avez-vous appris sur vous-même en jouant
Michael ? J’étais de nature altruiste, du genre à faire
des trucs sympas pour les autres à mes dépens, et jouer Michael
m’a appris à ne plus le faire. L’autre chose est que je ne me
suis jamais senti aussi sûr de mon hétérosexualité. Je suis
un peu plus agressif physiquement avec les femmes, ce qui est
bien car c’est une expression plus honnête de qui je suis. Et
c’est certainement plus sain que d’être dans une situation en
suspens et effrayé dans le style « J’espère qu’elle m’aime bien.
» Mes relations amoureuses se passent mieux grâce à cela.
Y a-t-il quelque chose que je ne vous
ai pas demandé que vous aimeriez nous dire ? Vous ne
pouvez pas mettre tout le monde de votre côté, alors n’essayez
pas. Ne vous embêtez pas parce que ce ne sont pas des mecs cool,
et c’est pas le lycée. Les chrétiens fondamentalistes, l’Eglise
catholique, les Républicains, les trous du cul de l’université
de Bob Jones, les mecs de la Fox Media, il n’y a aucun intérêt
à traîner avec eux. Ils sont méchants et on ne peut pas avoir
de conversation normale avec eux. Alors ne vous embêtez pas.
Plus de Sparks Vous venez
de lire l’interview exclusive d’Hal Sparks parue dans The Advocate.
Mais ce n’était que le début. Par Anne Stockwell
Il est direct mais, comme il l’a confirmé
dans son interview sans retenue pour The Advocate, aucunement
borné. Nous avons parlé de politique, d’amour, de sexe, d’arts
martiaux (dont il est un adepte de longue date), de Marianne
Williamson, du VIH, du fondamentalisme, et de bien d’autres
sujets fascinants. En fait, comme vous allez le voir dans les
extraits suivants, c’est surtout Hal qui a parlé. Nous l’avons
juste écouté, et nous n’avons pas été déçus.
Qu’avez-vous appris sur vous-même en jouant
Michael ? Cela m’a appris… Je ne sais pas. D’un point
de vue physique et psychologique, cela a eu un grand effet.
Je vais l’expliquer du mieux que je peux : disons que vous avez
beaucoup de colère en vous, et que grâce à cela, vous obtenez
un rôle à la télé pour jouer ce genre de personne. Et chaque
jour pendant douze heures, vous expulsez toute cette colère
de votre corps pour la mettre dans votre personnage. Quand vient
le week-end, vous êtes une loque béate. Vous devenez aussi heureux
car vous avez épuisé le stock de colère que vous aviez en vous.
Et les gars qui jouent les méchants sont souvent les gars les
plus gentils au monde car ils ont évacué toute leur méchanceté.
Ils ont eu l’occasion d’en faire l’expérience alors que nous
autres gardons cela bien caché au fond de nous et essayons de
le refouler. Ils ont tout consommé, donc ils s’en fichent et
ils peuvent redevenir gentils. Et de façon un peu similaire,
j’étais de ceux qui sont altruistes, paillassons, qui seraient
prêts à faire n’importe quoi pour quelqu’un d’autre à leurs
dépens, et jouer Michael m’a permis d’arrêter ça, d’utiliser
et d’évacuer ma gentillesse. Ca n’est pas sain, ça n’aide pas,
et ça rend malade. Donc je suis devenu plus mature en me débarrassant
de ces traits que nous trouvons tous si ennuyeux chez Michael.
Je n’ai jamais atteint le niveau de Michael dans ce domaine,
mais tout ce que j’avais, je l’ai mis dans le personnage. Donc,
ça a disparu. L’autre chose est que je ne me suis jamais
senti aussi à l’aise dans mon hétérosexualité. Je pense que
l’homophobie de certains est basée sur la peur que si jamais
ils étaient embrassés par un homme, il se pourrait qu’ils aiment
ça. Moi, je l’ai fait, et je n’ai pas aimé ça, donc il n’y a
plus de problème. Je sais qui je suis, et je n’attends pas d’un
homme gay qu’il devienne hétéro sous prétexte qu’il a embrassé
un femme, parce que je comprends. Donc je n’ai plus cette peur.
Je suis un peu plus agressif avec les femmes, ce qui est une
bonne chose car cela représente qui je suis de façon plus honnête.
Et je pense que c’est certainement plus sain que de rester dans
une situation de peur où on se demande « est-ce qu’elle m’aime
bien ? ». Je suis juste moi-même plus honnêtement, c’est génial.
Et les réactions ont été positives de la part des personnes
avec qui j’ai été, cela a amélioré mes relations amoureuses.
J’ai appris beaucoup de Michael sur ce qu’il ne faut pas faire.
J’ai aussi appris que beaucoup de gens vivent derrière un voile,
c’est l’idée de désespoir silencieux de Thoreau. Cela est totalement
étranger à ma vie. On me pose souvent la question « Quel est
votre plaisir coupable ? Avez-vous un plaisir coupable ? »,
parce que je ne bois pas, je ne fume pas, je ne me drogue pas,
« Vous devez bien en avoir un, c’est quoi ? ». Et moi je réponds
« Je peux vous dire quels sont mes plaisirs mais je ne connais
guère la culpabilité car je n’adhère pas aux même codes moraux
que la plupart des gens pour me dire ce qui est mal. Si je le
faisais, je ne pourrais pas être dans la série. Ce n’est pas
parce que je fais des choses qui vous paraissent inacceptables
que je dois m’en sentir honteux ou coupable. Ne projetez pas
vos sentiments sur moi. »
Votre attaché de presse m’a dit que vous
aviez des problèmes au début pour être invité dans des émissions. Oh
ouais.
Et elle a dit, « Dieu bénisse Jay Leno.
» Ouais, en fait, ils ont été assez cool là-dessus, mais
on peut aussi dire que Leno était nerveux à propos du sujet
et de tout ce qui va avec, mais ils ont vraiment été respectueux.
Et c’est NBC ! On pourrait imaginer que CBS faisant partie de
la famille Viacom, tout comme Showtime, nous aurions pu aller
chez Letterman… eh bien non. Mais je suis récemment retourné
sur Hollywood Squares, la première fois depuis Queer as Folk,
(j’y avais été quelques fois pour Talk Soup) et ça a été la
traversée du désert dès que j’ai commencé QaF parce que les
gens ne voulaient pas prononcer le mot «queer» pendant leurs
émissions. Parce qu’ils disent « Hal Sparks, Queer as Folk »
quand ils font la promo de leur émission et le mot «queer» a
été considéré comme un gros mot pendant très longtemps. Et ensuite,
deux choses sont arrivées : Queer Eye for the Straight Guy et
la diffusion de I Love the ‘80s sur VH1. Et soudain, j’étais
plus acceptable pour le public et ils étaient tous là : « Oh
oui, il est aussi acteur, il se trouve seulement qu’il est dans
Queer as Folk et Queer Eye for the Straight Guy… »
Peut-être pensaient-ils tous qu’il s’agissait
de la même série ! Exactement. D’un seul coup, tout le
monde était partant. Mais pendant deux ans et demi, beaucoup
d’émissions nous disaient juste « Eh bien si on peut, on va
vous faire venir » mais par derrière, ils disaient « non, non,
c’est pas possible. » Et on perd beaucoup de boulots à cause
de cela, on ne peut plus faire de films familiaux pour Disney
pendant un bail. Et je comprends cela, pas seulement à cause
du côté homosexuel, mais parce que c’est une série hautement
sexuelle. Je ne serai pas dans le prochain film sur le Père
Noël, parce que les gosses vous voient et disent «Je l’aime
bien !», ils s’enflamment et un gamin de 10 ans vous enregistre
sur son disque dur, et soudain c’est « Hé, mais qu’est-ce qu’il
regarde ?! » [Anne rit]. Et on a des fans vraiment très jeunes,
ce qui est très perturbant, qu’un gamin de 13 ans puisse décrire
mon derrière à la police. Je vais devenir comme Michael Jackson
; on va me voir à la télé disant « Je n’ai vraiment rien fait…
» [Anne rit] C’est l’une de mes grandes peurs, j’imagine la
scène : « C’est son derrière ! » m’identifiant parmi d’autres.
« Son derrière est sur le net ! C’est sur le net ! » « Venez
avec moi, Monsieur. » [Rires]
Y a-t-il quelque chose que je ne vous
ai pas demandé que vous aimeriez dire ? Je suis sûr que
oui, parce que je peux parler indéfiniment. Nous n’avons presque
encore jamais parlé du fait que si les gens pensent qu’un mec
est gay, alors ils ne peuvent pas le voir comme quelqu’un de
romantique. Eh bien j’ai eu la même réaction de la part de la
communauté gay sur Queer as Folk.
J’en suis sûre. Et d’une certaine
manière, cela m’arrive encore. Donc cela vient plus de l’attitude
des gens envers la sexualité qu’envers l’homosexualité.
C’est très intéressant. Il y a
beaucoup de standards qui sont valables dans les deux sens,
et c’est tout à fait compréhensible. Mais j’ai toujours droit
à la même rengaine : « C’est évident qu’il simule. C’est évident.
»
Eh bien écoutez, mon voisin m’a dit, «
Oh, Hal n’est pas hétéro ! C’est pas possible qu’il soit hétéro
! » donc vous l’avez bien convaincu. Ouais, eh bien…
c’est mon travail.
Lui et bien d’autres d’ailleurs. Bref,
tout ça pour dire que… les gens avaient tendance à me demander
« Vous n’avez pas peur » –quel grand mot- « Vous n’avez pas
peur que les gens pensent que vous êtes vraiment gay ? » Et
moi je dis « Eh bien avant tout, non, je n’ai pas peur – je
n’ai pas peur de vous, il n’y a pas grand-chose qui me fasse
peur. Je n’ai pas peur que les gens pensent que je suis gay,
parce que ces gens qui pensent que je suis gay sous prétexte
que je joue un personnage gay dans QaF sont mentalement les
mêmes que ceux qui pensent que les présentateurs vivent réellement
enfermés dans les postes de télé. » Vous devez comprendre à
qui vous plaisez. Vous ne pouvez pas essayer de plaire à tout
le monde car vous n’y arriverez jamais. Les gays catholiques
me font halluciner – putain mais pourquoi continuez-vous à les
fréquenter ? Ils vous détestent. C’est comme les noirs républicains
– Qu’est-ce que vous croyez ? N’essayez pas de les convertir
– il y a bien plus de gens qui vous aiment et vous respectent
que vous ne pouvez l’imaginer. Vous n’avez aucune idée du nombre
de personnes qui acceptent totalement qui vous êtes. Arrêtez
de frapper aux portes closes pour essayer d’entrer. Qu’ils aillent
se faire voir. Leur fête est ennuyeuse de toute façon. N’y allez
pas. Trouvez des gens qui pensent comme vous et faites accroître
le groupe des gens sincères. N’essayez pas d’adapter les vieux
systèmes à votre façon d’être, car cela ne marchera pas. Laissez-les
mourir.
Laissez-les mourir. Ces absurdités
sur la séparation des Episcopaliens qui se scindent, et ces
gens qui en font tout un plat. Les Eglises n’arrêtent pas de
se scinder depuis des années. Allô ?! Les Presbytériens, les
Luthériens, les fondamentalistes Evangéliques, l’Eglise du Christ…
tous ces gens se détestent et ils sont pourtant supposés suivre
le même mec. Qu’ils aillent se faire foutre. Ne les approchez
pas. Si vous respectez les enseignements du Christ, apprenez-les
par vous-même. Il n’y a aucun mal à cela. Vous n’avez pas à
payer un gars avec un grand chapeau pour aller au paradis. Cela
ne marche pas comme ça. Cela m’étonne toujours de voir que les
gens veulent être aimés par les gens qui les détestent. N’y
prêtez pas attention. Ne vous embêtez pas, parce que c’est un
petit groupe et ce ne sont pas les mecs cool. Ce n’est pas le
lycée. Les chrétiens fondamentalistes et l’Eglise Catholique,
et les républicains, et les cons de l’université Bob Jones,
et les gars de Fox Media, il n’y a aucun intérêt à les fréquenter.
Beaucoup d’entre eux sont des alcooliques, des drogués, des
mecs qui battent leur femme, des cons. Ils prétendent être des
pères de familles mais ils gueulent après leurs gosses. Ils
sont méchants et on ne peut pas avoir une conversation normale
avec eux. Ils n’ont aucune morale, ils font des choses horribles
et ils défendent leurs arrières en dénonçant quelqu’un d’autre.
Alors pourquoi perdre son temps ? Pourquoi les suivre jusqu’en
enfer ? Pourquoi sombrer avec le Titanic ? Allez juste vers
ce mec, au boulot, qui vous sourit et qui est cool, qui est
hétéro et qui vous accepte tel que vous êtes. Bon, n’allez pas
non plus lui dire « Hé, tu veux venir avec moi dans un bar gay
ce soir ? », pas plus que vous n’allez voir les fans de sport
au boulot pour leur dire « Hé, je veux venir voir le match avec
vous, juste pour vous prouver que je ne suis pas aussi gay que
vous le pensez. » ou autres âneries. Arrêtez de faire dans
l’extrême et regardez plutôt les gens autour de vous qui vous
aiment et vous soutiennent de façon routinière et normale. Parce
qu’ils sont très nombreux, ils sont partout. Queer as Folk a
un vaste public, dont la majorité est hétéro. Je trouve que
la vérité est exaltante. Les mensonges sont effrayants mais
ils sont aussi fragiles, ils sont minces. Les mensonges des
Chrétiens et des républicains sont fragiles. C’est pour cela
qu’ils les répètent aussi souvent. Parce qu’ils n’ont aucune
foi dans la solidité de l’échafaudage. C’est comme ces vieilles
façades de l’Ouest dans les vieux films de cow-boy. C’est le
devant d’un magasin alors vous devez poser des étais partout
pour que ça tienne debout, parce qu’il n’y a absolument rien
derrière. Et ils le savent, et c’est pour cela qu’ils parlent
si fort. On n’a pas besoin de parler fort quand on a un bon
argument. Considérez-les comme les fous qu’ils sont et rejetez-les,
et allez avec les gens qui vous respectent et avec qui vous
pouvez parler de façon honnête et objective. J’ai adoré que
vous mettiez Wesley Clark en couverture. J’adore ce mec. Si
Kerry s’en sort parce que les démocrates sont trop stupides
pour présenter quelqu’un qui ait de réelles idées nouvelles,
alors je voterai pour lui, cela n’a pas d’importance. Tout le
monde votera pour les démocrates cette année, ça va être un
raz-de-marée.
J’espère sincèrement. C’est sûr,
croyez-moi. Il y a des républicains qui ne voteront pas pour
Bush. Beaucoup d’entre eux. Ainsi que beaucoup de gentils républicains
qui sont juste pour la conservation de la fiscalité, mais ceux
là sont des libéraux. Georges Bush est un libéral d’un point
de vue fiscal. Ne vous faites pas d’illusions. Ce mec dépense
sans compter, il jette l’argent par les fenêtres, il n’a jamais
eu d’entreprise qui marche, il a toujours vécu dans le rouge,
et c’est aussi de cette façon qu’il dirige le gouvernement.
Toutes ses compagnies pétrolières ont fait faillite, toutes
ses petites équipes de base-ball à la noix ont coulé. Et il
reprend exactement le même système. Quand on ne sait pas faire
ses comptes à l’université, on est sûr de ne pas savoir les
faire non plus quand on est Président. Personne ne peut plus
rien faire pour vous, c’est évident.
J’adore le nom qu’il a donné à sa compagnie
: « Arbusto ». Cela sonne comme « nous allons faire faillite
» (ndlt : « bust » veut dire faillite) Oh, ouais. Totalement.
Mais le fait est que d’après moi, il y a de plus en plus de
gens forts et hardis qui ont de réels arguments, des gens comme
Michael Moore, des gens comme Al Franken. Des gens comme Wesley
Clark qui donnent juste leur vérité sans être agressifs comme
peut l’être Ross Perot, et cette attitude devient de plus en
plus courante. De bien des façons, l’Amérique a régressé ces
dernières années, elle est revenue au temps des Puritains quand
ils ont quitté l’Angleterre : une Eglise, une idée, une monarchie,
tout pour les nobles et rien pour les serfs, ce genre d’idées.
Et cela ne prend pas longtemps pour qu’un Thomas Jefferson surgisse
et dise : « C’est complètement tordu. Je ne vous écoute plus
et pour chacun de vos stupides mensonges, j’ai 10 000 raisons
honnêtes pour lesquelles cela ne marchera pas, pour lesquelles
ce que vous dites est faux. » Et je pense que cela arrive de
plus en plus. En 1995, je me souviens très bien avoir pensé
« Que faut-il aux gens pour qu’ils aillent voter ? C’est quoi
leur problème ? Les gays, les noirs, les hispaniques, les agnostiques,
les Wiccans et les gens qui croient en la métaphysique, et les
gens qui font du yoga, et les gens qui se préoccupent de l’environnement,
du rapprochement, de la camaraderie… qu’est-ce qu’ils foutent
assis chez eux pendant que ces vieux cinglés de religieux de
droite se baladent en déambulateur et gardent Strom Thurmond
au sénat jusqu’à ce qu’il soit pratiquement mort ? Que leur
faut-il de plus ? Je vais vous dire ce qu’il a fallu de plus
: George Bush. Il est la réponse à nos prières d’un point de
vue libéral car il est le facteur motivant. Dans les histoires
de super héros, le héros est défini par son adversaire. Si votre
adversaire est faible, alors vous n’utiliserez jamais tous vos
super pouvoirs. Et à la minute où le vrai méchant arrive, on
teste votre courage. Bush était nécessaire parce que nous étions
fainéants. Et c’est la vérité, que les gens le veuillent ou
non. Nous l’avons créé. La gauche n’a pas voulu avancer et ils
ont voulu faire un bras d’honneur à ceux qui avaient des croyances
religieuses parce qu’ils les voyaient tous comme des fanatiques,
ils ont éliminé quiconque ayant un aspect spirituel et ils les
ont laissé utiliser les mots « valeurs familiales » quand ils
avaient nettement des valeurs familiales : ils accordaient de
la valeur aux familles de blancs riches, autant qu’ils accordaient
de valeur aux familles de noirs, de gays et d’hispaniques sans
le sou. La valeur est quelque chose de relatif. C’est un mot
non descriptif. C’est général.
Les « pro-taxes» doivent avoir quelque
chose à voir là dedans. Ouais, absolument. On peut voir
ceux qu’ils estiment d’après leur code fiscal.
Et bien j’espère que vous avez raison. J’ai
raison. Cela importe peu. Quand je serais président…
Quoi ? Je finirai bien par me présenter
un jour.
Vraiment ? Bien ! Je serai le premier
mec à se présenter aux présidentielles dont le derrière est
en photo sur le net. [Anne rit] En fait, peut-être pas le premier,
mais au moins le premier qui en a tellement sur le net qu’il
ne peut pas en racheter les droits.
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