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Les hommes derrière Queer as Folk :
The Advocate, 31 mars 2003
Par Michael Rowe
traduit par Marido



Les producteurs exécutifs et créateurs de QAF, Ron Cowen et Daniel Lipman nous livrent en toute liberté leurs sentiments sur le politiquement correct, la véritable masculinité, et les réactions du public vis-à-vis de la série.


The Advocate : Si vous ne deviez choisir qu'un seul thème pour définir la série, quel serait-il ?
Ron Cowen : Comme nous l'avons dit depuis le début de l'aventure, il s'agit de garçons devenant des hommes. On ne devient pas un homme en une journée. Le processus demande plusieurs années, et c'est le fil conducteur de la série.
Daniel Lipman : J'ajouterais qu'il n'est pas nécessaire qu'une relation dure longtemps pour compter. Quelquefois, une liaison de deux mois peut être considérée comme une liaison de longue durée. Par conséquent, je ne pense pas que nos garçons devenant des hommes en s'impliquant dans une relation sérieuse soit forcément synonyme de progression. Vous pouvez devenir un homme en restant célibataire. Les relations amoureuses, dans la série, seront toujours fluctuantes, parce que c'est dans la nature des personnages.

Est-ce satisfaisant, sur le plan artistique ?
Ron Cowen : Les personnages de nombreuses séries sont bien établis, et ils ne changent pas beaucoup au cours des années, mais je crois que pour Dan et moi-même, il est plus intéressant et plus passionnant de faire évoluer constamment nos personnages.
Daniel Lipman : Les personnages nous montrent où aller. Par exemple, une vie de couple peut convenir à l'un d'entre eux, mais pas à un autre. Un personnage peut tomber amoureux, un autre non. Dès que nous essayons d'imposer quelque chose à un personnage, cela sonne faux.

Les personnages vous ont-ils semblé réalistes depuis le départ comme ils le sont maintenant, ou avez-vous ressenti cela en vivant avec eux depuis trois ans ? Ont-ils déjà pris des chemins qui vous surprenaient ?
Daniel Lipman : Certains, oui. Par bonheur, nous avons tout de suite été en osmose avec nos personnages, dès que nous nous sommes mis à écrire leur vie. Nous avons aussi eu beaucoup de chance avec la distribution. Je me souviens, j'étais sur le plateau le deuxième jour de tournage du pilote, et tout ressemblait déjà à un vrai petit monde. Ces personnages étaient tout à fait vivants. Physiquement, les acteurs sont devenus leurs incarnations parfaites, et leur ont donné tout leur réalisme.
Ron Cowen : Il m'est difficile de répondre à cette question. De la même façon que vous vivez avec les membres de votre famille, lorsque vous vivez avec des personnages, vous découvrez constamment des choses nouvelles sur eux, qui vous font découvrir de nouvelles choses sur vous. C'est une évolution perpétuelle.

Queer as Folk a montré pour la première fois à la télévision une liaison entre un séropositif et un séronégatif. Eprouvez-vous des responsabilités, par rapport à la façon dont vous l'avez montrée ?
Ron Cowen : C'est un dilemme, puisque je ressens une double responsabilité. La première concerne les personnages et l'histoire que nous racontons, et l'autre concerne la communauté. Cela dit, je n'ai pas à tenir compte de l'avis de la communauté pour créer. Je donne donc la priorité à l'histoire que nous racontons, en espérant que la communauté pourra s'y identifier.
Daniel Lipman : Je pense exactement la même chose. Ce type de relation n'a encore jamais été vu à la télévision. Sur le plan de la "responsabilité", je suis d'accord avec Ron. Quand nous disons que nous sommes "politiquement incorrects", cela ne veut pas dire que nous avons l'intention de choquer quiconque ; nous voulons dire la vérité. Quelquefois, la vérité n'est pas belle - quelquefois, les gens n'agissent pas bien. Mais c'est humain, et nous voulons être "humains" plus que politiquement corrects. Brian (Gale Harold) a sa façon très spécifique d'être gay. Selon lui, les gays ne doivent pas mener une vie aseptisée. Ce point de vue n'est pas celui de tout le monde, mais c'est le sien. Tous les personnages ont leur propre point de vue. Vous les mettez ensemble et vous obtenez une riche mosaïque de personnages.
Ron Cowen : Parfois, nous devons nous boucher les oreilles pour ne pas entendre ce qui se dit autour de nous, et écouter uniquement nos personnages.
Daniel Lipman : Les gens tentent de s'approprier la série, en voulant qu'elle soit le reflet de ce qu'ils vivent.
Ron Cowen : Nous sommes tous ainsi. Cela a été une expérience initiatique pour Dan et moi, mais plus ça va, plus je pense qu'il n'existe pas de "communauté", dans le sens où tous les gays ne se ressemblent pas, pas plus que les hétéros. Certains gays cherchent à s'intégrer au monde hétéro, et d'autres veulent rester à l'intérieur de la communauté gay. Ces gens ont tous des attitudes et des attentes différentes vis-à-vis de la série, il est donc difficile de satisfaire tout le monde.

C'est peut-être impossible?
Ron Cowen : C'est impossible. C'est pourquoi, après un certain temps, nous avons décidé de ne plus écouter les critiques et d'écouter seulement nos personnages. Lors de l'élaboration de cette histoire entre séropositif et séronégatif, nous savions que certains personnages n'allaient pas être d'accord avec la décision prise par Michael de rester avec Ben. Et ils ont exprimé leurs réticences - même la mère de Michael. C'était très difficile à écrire, car Debbie, qui d'habitude clame haut et fort ses idées libérales, adopte soudain une attitude très conservatrice dès que la santé de son fils est menacée.
Daniel Lipman : Elle n'est pas simplement inquiète pour la santé de Michael ; elle soigne son frère depuis longtemps, et sait exactement ce que la maladie représente. Elle ne veut pas ça pour son fils. Sa réaction est plus protectrice que conservatrice. C'est celle que toute mère aurait en cette circonstance, et d'ailleurs, beaucoup de membres de la communauté gay étaient d'accord avec elle. A la fin de la saison, on retrouve Debbie au chevet de Ben, à l'hôpital, lui apportant du potage au poulet. Elle a mis du temps pour accepter Ben. Si nous avons choqué et offensé des gens qui sont séropositifs, cela n'a jamais été notre intention. Nous avons simplement voulu que le personnage de Debbie soit crédible.

Est-il difficile d'être un écrivain gay, essayant de s'appliquer à raconter ses propres histoires, quand la communauté gay cherche à faire de vous son porte-parole ?
Ron Cowen : Nous avons subi une grande pression, et je comprends pourquoi. C'est précisément parce que nous, gays, avons trop peu vu de représentations de nos vies dans tout ce qui vient d'Hollywood, et parce que nous sommes la seule série qui le fasse, réellement.
Daniel Lipman : D'un autre côté, Queer as Folk n'est pas un service public - c'est une production artistique, au même titre qu'une toile, une symphonie ou une pièce. La série n'a pas à répondre aux questions que se posent les gens, ni à donner des informations. Ce n'est pas un manuel d'entraînement militaire. Il y a deux sortes de séries : celles qui vont à la rencontre du public, et celles qui obligent le public a venir à leur rencontre. Et je pense que Queer as Folk est du second type. Vous devez la regarder. A contre-courant de notre société pleine d'à priori, la série évite tout jugement.
Ron Cowen : La série présente de nombreux aspects - elle est dramatique, elle est comique, elle est politique. Nous essayons de raconter un maximum d'histoires concernant la communauté, mais nous ne voulons pas être aux ordres de la communauté.
Daniel Lipman : Nous n'avons jamais eu l'intention de représenter tous les gays. Non seulement tous les gays sont différents, mais ils sont différents selon leur âge. Un gay de 22 ans est très différent d'un gay de 60 ans.
Ron Cowen : Tout à fait. Et je crois que la série est perçue différemment selon les générations. C'est un peu schématique, mais je pense que les gays d'une vingtaine d'années apprécient plus la série que ceux qui ont la quarantaine, et ont plus de vécu. Nous avons perdu beaucoup de proches, nous avons dû nous battre contre des préjugés, et nous avons connu des expériences traumatisantes.
Daniel Lipman : Le public hétérosexuel aborde la série avec beaucoup moins d'antécédents dans ce domaine.
Ron Cowen : Un des scénaristes de notre série a dit un jour quelque chose qui ne quitte pas mon esprit : "Nous nous enfermons dans un ghetto". Pour moi, c'est un constat tout à fait déprimant.
Daniel Lipman : Cela peut être paralysant quand vous créez, et c'est l'une des raisons pour lesquelles vous devez ignorer le monde qui vous entoure dans ces moments-là.

Est-ce pourquoi vous écrivez à Los Angeles, avant le tournage, plutôt que sur place, à Toronto ?
Ron Cowen : Je pense que de cette façon, l'isolation nous est bénéfique.

Je pensais que tous ces avis, pour ou contre, ces louanges et ces blâmes, finiraient par s'annuler les uns les autres au bout d'un moment.
Daniel Lipman : Ce sont comme les acteurs de théâtre que nous connaissons. Ils ne veulent pas lire les critiques pendant que leur pièce se joue. Certaines critiques peuvent vous hanter malgré vous. Elles ont de l'emprise sur votre travail, jusqu'à ce que arriviez à faire face aux compliments et aux critiques, et que vous les assimiliez. Dans notre cas, nous faisons une série complexe tous les jours. Ce n'est pas comme un film, avec deux scènes intenses parmi une centaine. C'est une remise en cause quotidienne.

Bobby et Peter jouent deux extrêmes opposés de la masculinité et de la féminité, quelque chose que la jeune génération a moins de mal à accepter que les gens plus âgés.
Daniel Lipman : Cela vient du problème intergénérationnel que nous évoquions tout à l'heure. Si vous posez la même question à quelqu'un de 20, 30, 40, 50, et 60 ans, vous obtiendrez cinq réponses très différentes.
Ron Cowen : Je sais que les garçons d'une vingtaine d'années sont très différents de ce que nous étions à leur âge. Ils ne définissent même pas leur sexualité avec la même rigidité. Il leur arrive de dire : "Je suis hétéro, mais si je rencontre un type qui m'attire, je coucherais avec lui." Je trouve que c'est très bien. Emmett, par exemple, est extravagant dans son homosexualité, mais c'est, à mon sens, un personnage particulièrement courageux. Quand il était avec George et lui "apprenait" à "être gay", il a utilisé cette formule "On les emmerde tous." Chez lui, il était connu comme "Honeycutt, celui qui les emmerde tous". Son courage surpasse son look, sa façon de parler et son maniérisme, toutes ces choses qui sont des jugements superficiels lorsqu'on l'aperçoit la première fois. Pour moi, cela n'a rien à voir avec le fait d'être un homme. Je pense qu'être courageux et honnête, comme l'est Emmett, est beaucoup plus exemplaire de son humanité. Je respecte Emmett et le considère comme un homme véritable.

Et Ben, interprété par Robert Gant, est tout le contraire du cliché "costaud-efféminé", mais un personnage à multiples facettes, à l'intérieur de ce schéma.. Qu'est-ce qui, dans ces deux personnages, a tellement captivé le public ?
Daniel Lipman : Au moment où nous faisions passer des auditions pour ce rôle, Bobby nous a écrit une lettre. Nous n'en avions jamais reçue de pareille. Il disait que la série lui tenait particulièrement à coeur, à plusieurs niveaux, et il voulait réellement nous le faire savoir. Nous nous trouvions à Toronto, et le casting se faisait à Los Angeles. Nous avons toujours eu de la chance avec nos acteurs et leur implication dans la série. La lettre de Bobby nous a beaucoup touchés, et nous lui avons dit : "Il vaudrait mieux que vous veniez avec vos valises [quand vous viendrez pour l'audition]." Je pense aussi qu'il y a un courant d'idées actuel propice, et peut-être que Queer as Folk y a contribué. Nous recevons beaucoup de lettres de gens qui disent des choses du genre : "Je ne savais pas ce qu'était un gay, et c'est une communauté que je n'ai jamais vraiment aimée, mais la série m'a appris quelque chose." Je suis persuadé que si vous restez dans l'authenticité de vos personnages, la particularité devient universalité. Et je pense que c'est à cela que les gens réagissent.



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